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Et voilà ! Je me suis laissé avoir. J’ai été embarquée par Joël Dicker et son indéniable talent pour raconter les histoires.

Pourtant les thèmes qu’il aborde dans « le livre des Baltimore » n’ont rien d’original : l’amitié, l’amour, la jalousie, l’ambition. Lus et relus.

Il existe par ailleurs un nombre incalculable d’autres romans ou thrillers aux intrigues plus alambiquées, supposées maintenir l’attention par la tension. Des livres qui créent des meurtriers à la cruauté insensée et des rebondissements à la chaîne.

Ici, nul besoin de tant d’artifices.

Les thèmes de toujours sont entremêlés dans une histoire familiale à l’apparence banale. Par petites touches, l’auteur installe le décor et le contexte. Il sème des doutes et des questions. Se garde bien d’y répondre. Les laisse mûrir dans l’esprit du lecteur. Y revient parfois pour les entretenir. Jusqu’aux révélations finales où tout se met en place dans une logique bien plus réaliste que celle de nombreux livres à suspense.

Peu d’adrénaline dans ces pages. J’ai pourtant eu bien des difficultés à les lâcher pour retourner dans la vraie vie (car lire, c’est bien si l’on n’oublie pas de dormir de temps en temps).

L’histoire nous est livrée par Marcus Goldman, personnage déjà croisé dans le précédent ouvrage de l’auteur, « la vérité sur l’affaire Harry Québert ». Marcus est un écrivain célèbre. Il s’isole pour s’atteler à son prochain roman. C’est l’occasion pour lui de replonger dans le passé et de s’interroger sur les racines du Drame survenu dans sa famille quelques années plus tôt.

Cet évènement est l’interrogation principale du lecteur : que s’est-il passé à Baltimore, quelques années auparavant ?

Je n’en dirai pas plus sur l’histoire, si ce n’est que Marcus et ses cousins Hillel et Woody se retrouvaient régulièrement dans leur jeune temps, pour grandir, expérimenter et former le fameux « Gang des Goldman ». Mais toutes les époques dorées ont une fin.

« Le temps béni de notre enfance était perdu à jamais et il serait impossible de le retrouver. »

Comme dans son précédent roman, Joël Dicker maîtrise à la perfection l’art délicat du flashback. Et il ne s’agit pas ici de simples allers-retours entre deux époques ou deux personnages. Non, l’auteur nous balade d’une année à l’autre, n’utilisant la progression chronologique que dans les grandes lignes et pour amener lentement l’intrigue vers son dénouement.

« Tout commence comme tout finit et les livres commencent souvent par la fin. »

Comment fait-il pour que le lecteur ne s’y perde pas ? Il s’explique dans une interview intéressante donnée, il y a presque deux ans, dans l’émission « La Grande Librairie » (plage de temps 6 :22 à 20 :58, notamment à partir de 14 :57) :

Interview Joël Dicker (la Grande Librairie)

Son secret : la clarté ! S’il ne comprend pas lui-même, il y a peu de chance pour que le lecteur y parvienne ! Cela paraît un peu idiot, mais quiconque a déjà tenté l’expérience de l’écriture sait que l’exercice est loin d’être évident. Le résultat est un style agréable, ni simpliste ni trop complexe. Et surtout, un livre captivant, un page-turner, dirait-on à Baltimore.

Dans l’interview, Joël Dicker nous confie également son projet de trilogie. S’il décide finalement de le mener à terme, nous devrions avoir le plaisir de retrouver Marcus Goldman dans un prochain opus. Croyez-moi, je ne manquerai pas ce rendez-vous.

Difficulté de lecture : **

Ce livre est pour vous si :

  • Le thème des liens familiaux vous intéresse
  • Vous aimez vous interroger sur ce qui compose la réussite sociale
  • Vous aimez l’ambiance américaine

Le petit plus : un voyage aux Etats-Unis, de New York à Miami, de Baltimore à Nashville. Périple géographique le long de la côté Est, va-et-vient climatique à travers les saisons, et oscillations sociales, entre milieu modeste et réussite flamboyante.