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L’insoutenable légèreté de l’être – Milan Kundera

J’ai enfin compris pourquoi tout le monde parle de L’insoutenable légèreté de l’être avec autant de passion ! C’est un roman atypique qui, je trouve, ne ressemble à aucun autre.

D’un extrême à l’autre

Milan Kundera nous parle de Tereza et Tomas, deux êtres qui s’aiment dans l’ancienne Tchécoslovaquie, à la fin des années soixante. Bien sûr les choses sont loin d’être aussi simples, lui est volage, elle est jalouse. Tous deux comprennent le point de vue de l’autre mais ne veulent pas l’accepter. Ils oscillent entre légèreté et pesanteur, chacun hésitant entre sa nature profonde et là où son compagnon le pousse.

Ils croisent le chemin de Sabina et Franz qui entretiennent une relation adultère inédite, elle tenant à sa liberté plus qu’à tout autre chose, lui l’idéalisant à l’extrême.

Et l’auteur de s’interroger sur l’insoutenable légèreté de nos vies, de l’amour et de l’histoire des hommes. Il constate à quel point nous n’avons pas droit à l’erreur puisque nous ne vivons qu’une fois, et « une fois ne compte pas. Une fois c’est jamais. » Chaque jour nous écrivons le brouillon de notre existence, sans pouvoir le corriger.

« L’homme, parce qu’il n’a qu’une seule vie, n’a aucune possibilité de vérifier l’hypothèse par l’expérience de sorte qu’il ne saura jamais s’il a eu tort ou raison d’obéir à son sentiment.»

Philosophie, humour et poésie

Milan Kundera évoque ainsi bien d’autres notions dans le roman, qu’il est intéressant de découvrir au fil des pages. Si vous souhaitez en savoir plus, je vous encourage à lire le livre, puis parcourir les nombreuses analyses disponibles sur le web. Je vous recommande notamment le texte suivant, abordable pour qui est, comme moi, ignorant de la philosophie : http://littexpress.over-blog.net/article-milan-kundera-l-insoutenable-legerete-de-l-etre-102957127.html

L’insoutenable légèreté de l’être est un mélange d’humour et de notions philosophiques qui aurait pu se transformer en cynisme grinçant s’il n’était enrobé de poésie. Le résultat est une jolie réflexion sur quelques thèmes universels, l’amour, la fidélité, la place de l’homme sur cette terre et la trace qu’il y laisse.

« Pour qu’un amour soit inoubliable, il faut que les hasards s’y rejoignent dès le premier instant comme les oiseaux sur les épaules de Saint François d’Assise. »

Quelques pages d’histoire

Par ailleurs, cette lecture aura été pour moi l’occasion de me replonger dans l’histoire du XXe siècle et la période communiste d’après-guerre. L’auteur est tchèque mais finira par être déchu de sa nationalité en raison de ses idées et ses œuvres dissidentes. Il trouve refuge en France en 1975, où il enseigne et poursuit ses publications. Dans ce roman, il nous décrit le printemps de Prague (1968), l’invasion soviétique et la difficulté de vivre sous un tel régime.

« Les régimes criminels n’ont pas été façonnés par des criminels, mais par des enthousiastes convaincus d’avoir découvert l’unique voie du paradis. »

Il nous donne sa célèbre définition du kitsch, un « masque de beauté » utilisé par le communisme pour cacher ses exactions.

« Le goulag peut être considéré comme une fosse sceptique où le kitsch totalitaire jette ses ordures. »

Cette fraction d’histoire est récente et le net fourmille d’informations et de photos d’époque :

http://www.ina.fr/video/VDD08003521

Vous y trouverez même un reportage étonnant retraçant cette fameuse marche au Cambodge, évoquée dans le roman :

https://www.youtube.com/watch?v=ROFyS2dRFjQ

En résumé, L’Insoutenable légèreté de l’être est un roman riche : il vous fera réfléchir, apprendre, et découvrir un style unique, à la fois beau et profond.

Ce livre est pour vous si :

  • Vous voulez lire de la philosophie sans vous prendre la tête !
  • Vous voulez vous cultiver
  • Vous aimez les jolies phrases

Difficulté de lecture : ***

***

L’Insoutenable légèreté de l’être – Milan Kundera
Paru aux éditions Gallimard en 1984, (pour la première publication et traduction française)
ISBN : 978-2-07-038165-4 (nouvelle édition revue par l’auteur)
467 pages
Titre original : NESNESITELNA LEHKOST BYTI
Traduit du tchèque par François Kérel