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Rencontre avec Jean Le Boël, des éditions Henry

Rencontre avec Jean Le Boël, des éditions Henry

Si vous vous intéressez au monde du livre, vous n’avez pu manquer le grand débat actuel entre édition classique et autoédition. Les auteurs se plaignent du manque d’investissement des éditeurs quand ces derniers déplorent la mauvaise qualité des manuscrits qu’ils reçoivent. Mais là n’est pas mon propos du jour. J’ai croisé Jean Le Boël, des éditions Henry, lors d’un salon du livre : il m’a parlé de ses collections, de ses auteurs, de son travail. Avec tant de passion et de conviction que son discours effaçait à lui seul les grandes disputes de la chaîne du livre : oui, il existe encore de vrais éditeurs, dont les activités sont précieuses pour nos écrivains, et qui aident à nourrir la magie de nos lectures. Voici ce qu’il m’a confié.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours ?

Au tout début, j’écrivais pour moi. J’étais enseignant, invitais des écrivains et organisais des rencontres avec les étudiants. Je m’intéressais aussi à la langue, je donnais des cours de français médiéval, de latin, etc. J’ai rapidement compris que beaucoup ignoraient l’étymologie des mots, et, par voie de conséquence, avaient peur de s’y frotter.

J’ai donc cherché des moyens de rendre le concept amusant, je me suis renseigné auprès d’élus et d’associations. J’ai fini par entrer en contact avec une personne responsable d’un groupe de presse qui, en outre, dirigeait une petite maison d’édition. Elle m’a demandé d’écrire des chroniques dans la presse régionale.

De fil en aiguille, nous avons également lancé une revue, Écrit(s) du Nord, visant à faire la promotion de jeunes écrivains et diffuser la littérature. J’ai continué à écrire et à rencontrer de nombreux auteurs et poètes.

Et puis le groupe de presse a été racheté par une entité plus grande qui acceptait de conserver les chroniques mais n’était pas intéressée par la poésie. J’ai donc transformé Écrit(s) du Nord en association afin de pouvoir poursuivre mes activités.

Finalement, ma rencontre avec Catherine Henry a tout changé. Cette amoureuse de la littérature, petite-fille du premier éditeur de Pierre Jean Jouve, assurait l’impression de nos publications et éditait elle-même une collection de livres pratiques. Le courant est passé ; nous avons créé une structure spécifique, les éditions Henry. La belle aventure pouvait commencer.

Quels genres d’ouvrages les éditions Henry publient-elles ?

Notre projet pourrait se résumer ainsi : nous voulons publier ce qui n’est pas suffisamment abordé par les autres maisons. Je vous donne un exemple : en littérature jeunesse, vous ne trouverez quasiment rien en matière de poésie contemporaine pour les enfants.

Poésie enfants

De jolies poésies pour les enfants !

 

Pour ce qui est des romans, nous ne sélectionnons pas les œuvres par genre, mais plutôt par type d’écriture. Nous aimons les écritures de recherche, pourvu qu’elles restent accessibles au public. Nous voulons proposer des livres qui ne se trouvent pas ailleurs sans pour autant être illisibles !

La poésie est en général peu représentée dans le monde de l’édition. Elle est souvent là pour la vitrine et les amateurs se sentent exclus. Nous cherchons donc à diffuser plus largement une poésie que le public puisse lire sans renoncer à la modernité. Nous proposons des textes portant des émotions, parfois un certain lyrisme, mais sans exhibitionnisme. Les gens doivent pouvoir s’y reconnaître.

Nous aimerions vraiment qu’ils apprennent à choisir leurs lectures par eux-mêmes, à retrouver leur autonomie. Ne pas lire seulement ce que tout le monde lit.

Quel est votre plus beau souvenir d’éditeur ?

Je ne peux pas répondre à cette question. J’ai de nombreux souvenirs agréables. En vérité je suis heureux dès que l’un de mes auteurs est heureux.

Si je dois en évoquer un (sans que celui-ci ne masque tous les autres), je parlerai alors de cet auteur détecté lors du Prix des Trouvères, dont je m’occupe depuis longtemps. À l’époque son texte avait été rejeté par le jury adulte. C’est vrai qu’il comportait quelques défauts mais également une sorte d’évidence, quelque chose à creuser et déployer. J’ai pris contact avec l’auteur et l’ai publié quatre fois, à perte. Son cinquième livre est finalement sorti chez Gallimard, dans la collection blanche.

Cet auteur est devenu l’un de mes amis. Je suis fier de l’avoir encouragé et protégé contre les doutes. Je lui répétais d’approfondir ce qu’il était, de ne pas changer, de ne pas imiter. Créer n’est pas copier.

Le plus amusant est sans doute le fait que ses quatre premiers livres, ceux que j’ai publiés à perte, vont peut-être devenir rentables. Puisque l’auteur est maintenant connu et reconnu ! Mais ce n’est pas le plus important. Cela montre simplement le travail qui reste à accomplir dans le domaine de la poésie. Je reçois cinq cents manuscrits de ce genre chaque année. Tous ont un intérêt ! Mais il est évidemment impossible de les retravailler tous. Il faut donc écarter ceux qui manquent de pertinence ou dont l’écriture est trop inégale.

Que diriez-vous à quelqu’un qui aimerait écrire mais qui n’ose pas ?

Je lui dirais qu’il faut écrire tous les jours. Écrire très régulièrement avec, dans la tête, une sorte de projet. Se mettre quelques contraintes, comme lors d’un atelier d’écriture.

Publier est autre chose… Le principal est d’écrire.

J’ai un jour décrit dans une préface les consignes que je m’applique au moment d’écrire. Mais c’est un exercice périlleux qui me déplaît un peu : on se transforme vite en donneur de leçons. Il n’existe pas de recette unique. Et il importe de ne pas formater les auteurs en herbe.

Mais je peux malgré tout donner un conseil universel : avant d’écrire, il faut d’abord lire ! Lire déclenche le désir d’écrire. Cela va ensemble !

éditions henry

Quelques ouvrages de poésie des éditions Henry

 

À ce propos, qu’aimez-vous lire ?

Je participe à plusieurs jurys dans le cadre de concours ou de prix littéraires. Cela m’a permis de découvrir certains auteurs avant qu’ils ne soient célèbres. Leïla Slimani ou Valérie Perrin par exemple.

Mais je reste curieux et explore des spécialités qui ne sont pas les miennes. Je pourrais citer Pêcheurs d’étoiles, de Jean-Paul Delfino, que j’ai eu l’occasion de rencontrer. Bernard Minier également, qui est lui-même lecteur de poésie. J’ai vu la manière dont il fabrique ses intrigues. Son univers est éloigné du mien mais j’éprouve une grande sympathie d’artisan pour l’artisan ! Je connais moins Franck Thilliez. Je lis aussi Anna Gavalda.

Et puis j’aime relire. Homère dans le texte, puisque j’ai la chance de connaître les langues anciennes. Ou les nouvelles d’Oscar Wilde en anglais.

Continuez-vous à écrire ?

Il me reste peu de temps pour cela ! Alors je mûris mes textes peu à peu. Et j’écris de la poésie quand je me sens prêt.

Il y a aussi un nouveau projet de roman qui me tourne dans la tête depuis quelques années. Mais ce n’est pas vraiment urgent.

Que voulez-vous transmettre par l’intermédiaire de vos écrits et vos activités ?

Ce que je veux transmettre ? Une sorte de fraternité sans doute…

Je suis toujours frappé par le fait que chacun voit midi à sa porte. C’est vrai dans le monde du livre comme ailleurs. Tout le monde peste contre tout le monde !

J’aimerais que se développe une compréhension mutuelle à force de partage. Il ne faut pas que les gens s’enferment sur eux-mêmes. Il faut que la parole circule.

***

Aider les auteurs à s’affirmer et développer leur écriture, amener le public à découvrir de nouveaux ouvrages sans avoir peur des genres auxquels ils sont peu habitués, voilà selon moi le travail d’un éditeur. C’est ce qui s’accomplit, chaque jour, aux Éditions Henry.

Quoi de mieux qu’un exemple pour vous convaincre ? Voici la chronique de lecture d’un ouvrage que m’a conseillé Jean Le Boël lors de notre rencontre…

Renée, en elle – Cécile Guivarch

Renée, en elle de Cécile Guivarch

 

Ce livre illustre parfaitement le concept des Éditions Henry : voilà de la littérature que vous trouverez difficilement ailleurs. Il s’agit d’une biographie. Celle d’une femme vivant jadis, au temps où la vie était courte, les paysannes portaient des jupons et les voleurs de pommes finissaient en prison.

Elle s’appelle Renée et pleure souvent. Elle est l’aïeule de la narratrice, qu’elle vient hanter dans son sommeil.

« Elle m’attire, m’empêche de dormir. Je la sens, chaque nuit, passer son souffle sur mon corps. »

Les deux parentes sont liées par la lignée et l’immémoriale souffrance des femmes. Renée revient transmettre son histoire, celle qui n’apparaît dans aucun registre. Nuit après nuit, elle se coule dans le corps de sa descendante et libère lentement son secret.

Voilà une biographie surprenante, très courte et très dense, tout en poésie brute, racontée par petites touches, par la voie des sens et des émotions plutôt que par celle des faits.

J’ai moi-même été prise de passion pour la généalogie mais me suis rapidement trouvée frustrée : tant de noms et de dates qui ne disent rien des hommes et des femmes qui ont vécu avant moi. Alors j’ai raconté l’histoire de mes grands-parents puisqu’il restait de nombreux témoins d’une époque pas si lointaine.

C’était ignorer qu’il existe d’autres moyens d’explorer le passé et de garder une trace de ces existences souvent douloureuses et si facilement oubliées. Cécile Guivarch y est parvenue en teintant son écriture d’empathie et en laissant venir Renée, en elle.

***

Renée, en elle de Cécile Guivarch
Éditions Henry, 2015
ISBN 978-236469-097-4
61 pages

 

La rentrée littéraire, comment ça marche ?

La rentrée littéraire, comment ça marche ?

La rentrée littéraire, ça marche comment ?

Dès le début du mois d’août, un mot mille fois répété vient perturber notre été. La rentrée.

Celle des écoles, des professeurs, des ministres, ou bien des programmes télé. En France, tout se passe comme si l’année ne commençait pas le 1er janvier mais quelque part, à la fin de la belle saison. Une date un peu flottante, qui sent le neuf. Bonnes résolutions, pages blanches, petits et grands carreaux, inscriptions, réunions, nouvelles organisations, nouveaux départs.

Et les livres dans tout ça ?

Qu’on lise ou pas, impossible de manquer la fameuse rentrée littéraire. Elle s’impose dans les médias, les librairies, les réseaux sociaux et les centres commerciaux. Tous vous ont déjà abreuvé de recommandations pour vos vacances : les meilleurs polars à lire sur la plage, les classiques à glisser dans la valise, les feel good books de l’été, les inévitables romans pour filles modernes et bronzées.
Septembre arrive doucement, et c’est reparti pour un tour. Revoilà les superlatifs, les adjectifs élogieux et les qualificatifs dithyrambiques. Eblouissant ! Captivant ! Magistral ! Et ce cercle restreint d’auteurs, toujours les mêmes, de coloniser journaux, émissions littéraires et blogosphère.

Alors quoi ? La rentrée littéraire, une simple opération marketing ?

C’est vrai, que, dit comme ça, la rentrée littéraire ressemble à une vaste manipulation commerciale.
Il s’agit en effet du plus grand lâcher de livres de l’année : d’août à octobre, les éditeurs proposent un nombre significatif de nouveautés, à grand renfort de battage médiatique. Leur proposition est savamment étudiée, mélange de profils d’auteurs choisis et de genres recherchés :

  • Les grands écrivains ;
  • Les habitués ;
  • Les primo-romanciers ;
  • Les auteurs étrangers ;
  • Les people.

L’idée est d’intéresser le public le plus large possible, des simples curieux aux passionnés des mots. Le vent de la rentrée littéraire amène tout à la fois senteurs intellectuelles, parfums inédits et relents de scandale.
Cette année, 581 livres seront publiés en trois mois (ne soyez pas impressionné, ils étaient 727 en 2007), dont 390 romans français et 81 premiers romans. Des millions de pages. Impossible de tout lire, me direz-vous ! Même en engloutissant un, deux, trois livres par jour !

La rentrée littéraire

Des centaines d’ouvrages publiés à chaque rentrée littéraire

Alors pourquoi ? A quoi bon cette multiplication des titres ?

Vous l’aurez compris, la rentrée littéraire est un enjeu important pour les acteurs du livre.

Les éditeurs préparent la grande danse des prix littéraires, inaugurée par le Goncourt au mois de novembre. Ils espèrent que leurs poulains seront remarqués, entreront dans les listes des divers jurés et académies, et obtiendront une distinction. Obtenir un prix, c’est augmenter les ventes de façon significative !

A la saison des récompenses se joint la période de Noël. Le livre reste l’un des objets les plus offerts pour l’occasion. C’est donc un événement primordial et la rentrée littéraire est parfaite pour préparer le terrain et amorcer le bouche-à-oreille. Elle met en lumière les romans qui obtiennent la faveur du public, et qui, à n’en pas douter, s’arracheront en fin d’année.

Les libraires profitent bien sûr de ce grand déballage de livres, qui représente une augmentation importante de leur chiffre d’affaires.
Quant aux auteurs, eh bien, il y quelques gagnants et beaucoup de perdants qui passeront totalement inaperçus et erreront à l’infini dans les oubliettes des livres imprimés mais jamais lus, cachés sur les étagères et finalement recyclés. Puisqu’il est impossible de lire 581 livres en trois mois, il faut qu’un choix s’opère.

Et ce choix est cruel.

Alors finalement… La rentrée littéraire, comment ça marche?

Les éditeurs préparent cette rentrée plus d’un an à l’avance. Comme indiqué plus haut, ils sélectionnent les livres, travaillent les publications et apprennent aux auteurs à se vendre. Dès le mois de mai, ils envoient aux libraires les livres définitifs ou même les textes en cours de correction. S’ensuit une longue campagne de séduction : réunions auxquelles sont conviés libraires, journalistes et booktubers, rencontres avec les auteurs, événements sur les réseaux sociaux, concours pour quelques lecteurs sélectionnés. Les éditeurs mettent tout en œuvre pour convaincre les prescripteurs de lire leurs livres plutôt que ceux du voisin.

Les libraires connaissent donc des étés très studieux. Ils lisent, lisent et lisent encore. Ils doivent repérer les romans qui se vendront et séduiront le lecteur. Ils doivent prendre connaissance des parutions à succès afin de pouvoir en parler à leurs clients. Ils communiquent entre eux, dans leurs équipes et entre confrères. Ils s’échangent les bons tuyaux et se mettent en garde contre les livres qui ne valent pas quelques précieuses heures de lecture.
Courant août, ils sont prêts à passer leurs commandes et les cartons peuvent envahir leurs magasins. Reste à agencer ces derniers. Les auteurs les plus chanceux voient leurs œuvres orner les tables avec la mention « coup de cœur ». Augmentation des ventes garantie ! Le lecteur est bien souvent perdu devant cette pléthore de titres et il est enclin à se laisser guider. Si le libraire a aimé, alors c’est que le livre est sûrement bon !

Bien sûr, la publicité continue, à destination cette fois du grand public. Les émissions littéraires se succèdent. Les magazines vous parlent de leur propre sélection : « rentrée littéraire, les dix livres à ne pas manquer ! » Les auteurs sortent de leur réserve. Les réseaux sociaux portent aux nues ou démolissent.

Tout est bon pour attirer l’attention.

Sélection rentrée littéraire

Trois livres de ma sélection

En conclusion ?

La rentrée littéraire, quand on aime les mots, on ne peut pas la louper. Au-delà de l’opération commerciale, cela reste un moment unique, où le livre est mis en valeur. Bien sûr, nul n’est forcé de suivre les recommandations. Il est même plus raisonnable d’attendre patiemment les sorties en livre de poche. Personnellement, j’y prête généralement peu d’attention. Je préfère laisser retomber le soufflet pour choisir, des mois plus tard, les livres qui m’auront attirée.

En 2017 pourtant, je me suis penchée sur les diverses annonces des éditeurs. Il fallait bien préparer cet article. Voici une première sélection, toute personnelle et non exhaustive. Elle fait la part belle aux premiers romans, envie de nouveauté sans doute ! Je vous laisse vous en inspirer ou l’oublier ! Et si vous lisez cet article dans les années qui suivent, ne croyez pas que cette sélection soit caduque. Contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, les livres demeurent et parfois se bonifient avec l’âge !

Comme une rivière bleue (Michèle Audin), Gallimard : la Commune de Paris, vue de l’intérieur et reconstituée à l’aide des archives. Intéressant pour qui est, comme moi, passionné de généalogie et de la petite histoire qui fabrique la grande.

Un élément perturbateur (Olivier Chantraine), Gallimard – 1er roman  : l’histoire d’un hypocondriaque dans le milieu des affaires. Ҫa peut être drôle.

L’ombre sur la lune (Agnes Mathieu Daudé), Gallimard : j’ai lu son premier roman, « Un marin chilien », que j’ai beaucoup aimé. J’ai donc très envie de poursuivre avec cet auteur, quel que soit le nouveau sujet choisi

Les rêveuses (Frédéric Verger), Gallimard – 1940 – 1er roman : encore de l’Histoire. La seconde guerre mondiale cette fois. Un Allemand emprunte l’identité d’un mort.

La Fontaine une école buissonnière (Erik Orsenna), Stock  : j’ai toujours aimé les fables de La Fontaine. C’est donc l’occasion de les redécouvrir, elles et leur auteur. Et puis, Erik Orsenna, c’est toujours un gage de qualité.

Zero K (Don Delillo), Actes Sud – Anticipation, littérature américaine : c’est un roman d’anticipation, donc ça m’attire !

Underground railroad (Colson Whitehead), Albin Michel – Littérature américaine : l’histoire américaine et le passage clandestin d’esclaves en fuite du sud vers le nord. Histoire, toujours…

Ostwald (Thomas Flahaut), L’Oliver  – 1er roman : deux rescapés d’un désastre nucléaire en Alsace.

Sciences de la vie (Joy Sorman), Seuil  : l’histoire d’une malédiction familiale où la médecine s’oppose à la magie.

Un dissident (François-Régis de Guényveau), Albin Michel – 1er roman : encore de l’anticipation teintée de recherche scientifique. Je ne peux donc qu’être attirée.

Le presbytère (Ariane Monnier), JC Lattès – 1er roman  : une histoire de violence familiale à l’allure inquiétante.

Une histoire des abeilles (Maja Lunde), Les presses de la cité – 1er roman : Maja Lunde est norvégienne, et vous connaissez mon penchant pour tout ce qui vient du nord. Le sujet est intéressant : la disparition des abeilles et ses conséquences dans un futur proche.

Frappe-toi le cœur (Amélie Nothomb), Albin Michel : simplement parce que j’ai entrepris de lire tous ses romans publiés après l’avoir rencontrée lors d’une dédicace. C’est un auteur qu’on aime ou qu’on déteste, mais dont les livres réservent toujours des surprises et une bonne dose d’humour.

Je ne lirai sans doute pas tout, faute de temps et de budget. Mais grâce à cette fameuse rentrée littéraire, je ne manquerai jamais d’inspiration en entrant dans une librairie. Que pensez-vous de cet événement ? L’attendez-vous avec impatience chaque année, ou bien tout cela vous laisse-t-il de marbre ?

L’autoédition, comment ça marche ? Démonstration avec BoD (Books on Demand)

Avez-vous un rêve d’enfant ? De ceux que l’on croit inaccessibles mais qui ressurgissent parfois au beau milieu de la routine quotidienne ?

J’ai longtemps eu l’envie secrète d’écrire un livre. Je lis depuis mes six ans et ai toujours admiré les auteurs qui parvenaient à m’embarquer dans leurs mondes imaginaires. Pour moi, l’Ecrivain était une sorte de Grand Homme (au sens générique du terme puisque je lis indifféremment des auteurs masculins ou féminins), juché sur un piédestal, touché par la grâce, à la compétence innée et au style travaillé.

Et puis les années 2000 sont arrivées, avec leurs révolutions technologiques et les possibilités infinies d’Internet. Les blogs se sont multipliés sur la toile offrant informations et formations de tous types, ainsi que de nombreuses bêtises ! Mais j’ai réalisé que l’on pouvait tout apprendre. Y compris l’écriture. Mieux, il devenait possible de faire imprimer un livre à un seul exemplaire si besoin, à un prix étonnamment bas, même en étant le plus parfait inconnu (merci aux techniques modernes d’imprimerie, Gutenberg doit être impressionné par le développement de son idée initiale).

L’autoédition était née.

Bien sûr, ce n’est pas une solution miracle. L’autoédition a ses codes, ses pièges et ses défis ! C’est pour en savoir plus que je me suis rendue à une journée d’information organisée récemment par BoD (Books on Demand), prestataire de services pour auteurs et éditeurs, qui facilite la pratique de l’autoédition.

Qu’entend-on exactement par autoédition ?

La chaîne du livre est très complexe. Dans les grandes lignes, disons qu’il existe trois grands modes d’édition que l’on peut résumer ainsi :

  • L’édition à compte d’éditeur : c’est la formule classique. L’auteur cède ses droits, l’éditeur s’engage à publier le livre et prend en charge tout le processus, lecture, corrections, fabrication, diffusion et promotion. L’auteur est rémunéré en fonction des ventes et de son contrat ;
  • L’édition à compte d’auteur : l’auteur reste propriétaire de ses droits mais prend en charge les coûts de fabrication et de publicité. L’éditeur ne gère que la partie technique et la diffusion. Ce dernier ne prend guère de risques et il semble que l’auteur rentre rarement dans ses frais ;
  • L’autoédition : l’auteur se charge de tout et reste seul décisionnaire. C’est l’option la plus intéressante en termes financiers (peu d’intermédiaires), mais également la plus difficile (il faut réussir à vendre).

Difficile ? Oui, parce que l’édition est un métier et le monde du livre une nébuleuse plutôt hermétique. C’est là que des prestataires comme BoD entrent en piste.

Qu’est-ce que BoD ?

BoD a vu le jour il y a vingt ans et s’est peu à peu développé dans de nombreux pays d’Europe, Allemagne, Suisse, Autriche, puis les pays nordiques et la France. L’entreprise aide les auteurs et éditeurs à publier leurs livres. A ce jour, leurs serveurs proposent près de 2 millions de livres et environ 30 000 eBooks. Suivez le lien pour en savoir plus : https://www.bod.fr/sur-bod.html

Concrètement, l’entreprise facilite la vie des auteurs indépendants. Vous écrivez un livre, le relisez, le corrigez. Vous travaillez la mise en forme en utilisant, ou non, les outils mis à disposition par BoD. Vous choisissez le papier, le format, réalisez la couverture. Vous définissez le prix auquel vous souhaitez vendre votre livre (et donc la marge qui vous sera reversée par l’entreprise à chaque vente). Vous chargez le fichier du livre et toutes les informations nécessaires sur le site. Selon les options choisies, BoD imprime à la demande, se charge du dépôt légal à la BNF (Bibliothèque Nationale de France) et vous transmet le numéro ISBN qui permet d’identifier le livre de façon officielle (les chiffres et le code barre sur les quatrièmes de couverture). Votre œuvre finale figurera sur leur site, dans le catalogue des librairies et de nombreuses boutiques en ligne. Lorsqu’un libraire souhaitera le commander, il pourra s’adresser à la Sodis, l’une des plus grandes sociétés de distribution française.

C’est tout ?

Certainement pas ! Là démarre la partie la plus intense du travail ! Il vous reste à organiser la promotion… Le blog de BoD vous donne quelques conseils : visite des librairies, dédicaces dans les salons ou les évènements locaux, annonces dans les réseaux sociaux, lancement d’un site dédié, bouche-à-oreille, etc. Les moyens modernes ne manquent pas. Vous pensiez que l’écriture représentait l’essentiel du projet ? Détrompez-vous. L’auteur indépendant est un businessman et maîtrise le marketing.

Décourageant ?

Parfois. Mais nombreux sont les auteurs qui souhaitent surtout donner une forme physique à leurs écrits et connaître le bonheur indicible de tenir leur livre entre les mains. Bonheur à la portée de tous puisqu’il ne coûte que quelques euros. Ensuite, advienne que pourra. Le livre se vendra ou non. Si pour vous, l’essentiel n’est pas là, l’autoédition (via BoD ou d’autres sociétés présentes sur le marché) est la solution idéale !

Et comment s’est passée cette journée-atelier ?

L’atelier est organisé dans un espace de co-working, en plein cœur de Lille. La journée démarre par un café et quelques douceurs offertes. C’est l’occasion d’amorcer la discussion avec les autres participants, découvrir leur parcours et leurs projets. Un auteur nous explique ses déboires financiers avec un éditeur… à compte d’auteur (le sien en l’occurrence).

 

Puis la formation commence avec une multitude de conseils liés à l’élaboration d’un livre : la relecture, la correction, la mise en page, la couverture. Le temps passe sans que personne ne s’en rende compte. A la pause déjeuner, les groupes se forment et s’absentent pour un repas convivial dans les brasseries environnantes. Aucun temps mort ! 14h, les présentations redémarrent. L’après-midi est consacré à la promotion et la communication autour du livre. Puis se termine par une table ronde avec deux auteurs ayant sauté le pas et partageant leur expérience.

Au long de la journée, l’ambiance est conviviale. Les questions fusent et les réponses suivent. L’interactivité est de mise. L’équipe BoD est à l’écoute et d’une bienveillance particulièrement agréable. Pas de publicité pour les services de l’entreprise (il faut même insister pour obtenir leur description précise), là n’est pas l’objet affiché. L’idée est d’accompagner les auteurs pour qu’ils osent se lancer. Les présentations sont pragmatiques : des trucs, des astuces, des conseils, les pratiques efficaces.

Elodie, Gwendoline, Cécile, Julie et Anaïs, au cas où vous liriez cet article, j’en profite pour vous remercier ! Merci aussi à Flore et Valérie, les deux auteurs ayant parlé de leur expérience.

Et après ?

Je suis repartie avec quelques contacts, des personnes sympathiques qui, comme moi, explorent le monde littéraire et tentent leur chance. Après cette journée, l’aventure commence. J’ai déjà testé l’autoédition pour un récit de famille. En faisant des erreurs et y passant un temps démesuré. Démesuré mais bien employé, je ne regrette pas. Et pourquoi pas une nouvelle tentative ?

Et vous, êtes-vous de ceux qui ont un manuscrit caché quelque part, dans un tiroir ?