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Carnets du Nil blanc – John Hopkins

Carnets du Nil blanc – John Hopkins

Au début des années 2020, notre petit monde humain a cessé de tourner. Chacun s’est figé là où il se trouvait, pour une période bien plus longue qu’espéré. Pendant que la nature se délectait de notre absence, nous n’avons eu d’autre choix que de nous évader sur la toile, ou recourir à la lecture. Et la lecture fait voyager. Je l’ai redécouvert avec ces Carnets du Nil blanc, inspirés par l’histoire vraie de leur auteur, John Hopkins. Baroudeur américain mais néanmoins diplômé de Princeton, ce dernier voyage en Amérique du Sud, en Europe et en Afrique, avant de s’établir pour un temps à Tanger.

Voyage à travers l’Afrique

 

Les Carnets du Nil blanc retracent le périple entrepris par John et son ami Joe à travers l’Afrique, au début des années 60. Ils sont jeunes, ont un diplôme en poche et veulent découvrir le monde plutôt que de s’établir aux États-Unis et d’adopter la vie toute tracée que leurs études leur ont promis.

Et puisque leur idée du voyage est teintée d’aventure, pourquoi ne pas corser un peu le défi ? Les deux compagnons décident de remonter le Nil à moto, engin qu’ils baptisent « Nil blanc » pour l’occasion. Les choses sérieuses commencent en Italie, d’où ils rejoignent la Silice puis la Tunisie. Traversée du désert libyen puis arrivée en Égypte. Ensuite, cap au sud vers le Soudan, l’Ouganda et le Kenya. Les paysages défilent et le lecteur fait le plein d’exotisme.

« Ici résident les mystères les plus profonds de l’humanité. »

À l’époque, les règles sont différentes. Si vous êtes américain, élevé dans un milieu puritain, vous n’êtes pas autorisé à embrasser une jeune fille dans la rue, mais vous pouvez acheter une moto et partir sur les routes sans trop vous soucier de sécurité. Vous pouvez traverser les frontières et flirter avec les dangers qu’offre un continent aussi mystérieux que l’Afrique. Vous pouvez vous retrouver seul, au milieu d’un champ d’artichauts, au pied d’anciens temples grecs, sans aucune silhouette éclairée par la lumière bleue d’un smartphone pour vous gâcher la vue. Existe-t-il encore de tels espaces de découverte aujourd’hui ?

Voyage à travers les cultures

 

À mesure qu’il progresse, l’auteur s’ouvre l’esprit. Il expérimente le choc des cultures, celui que l’on n’apprend dans aucune université, fut-elle l’une des plus prestigieuses des États-Unis.

Le Nil blanc, vaillante moto, attise la curiosité et aide à créer quelques liens. Et les discussions vont bon train.

« Nous avons parlé des États-Unis et de la Lybie : un pauvre état musulman et un riche pays chrétien avaient énormément à apprendre l’un de l’autre. »

Les quelques occidentaux croisés lors du périple s’avèrent plutôt décevants. Mais d’autres rencontres stimulent l’intellect.

« Si Dieu est vivant quelque part sur cette terre, Il vit dans le cœur des Africains, des Sud-Américains, et de tous les autres individus qui habitent dans des endroits soi-disant oubliés de Dieu et qualifiés, avec suffisance, de tiers-monde. »

Deux girafes africaines

Les charmes de l’Afrique
(crédit photo Nel_Botha-NZ, Pixabay)

Voyage à remonter le temps

 

Le voyage n’est pas seulement géographique ou culturel. John Hopkins s’imprègne de littérature, à laquelle l’initie son compagnon de route. Les deux hommes suivent les traces des grands écrivains et découvrent l’histoire antique ou plus moderne des pays traversés. De Rome à la crise de Bizerte. Des héros légendaires aux hommes plus controversés du XXe siècle.

« Tout le monde est venu ici. Ulysse, Hannibal, les Romains, les Arabes, les Turcs, les Français, Rommel, Montgomery. »

« Ici le temps s’est arrêté il y a longtemps. »

Les Carnets du Nil blanc offrent enfin une plongée fort instructive dans les années 60. Ils évoquent pêle-mêle crise de Cuba, décolonisation, course à l’espace ou guerre froide. Si vous décidez de les lire, je ne saurai trop vous conseiller de le faire avec Internet à portée de main.

Voyage à remonter la vie

 

J’allais presque oublier l’objectif même du voyage. Pour le John Hopkins d’alors, tout est possible. Il s’est affranchi de toute contrainte, au grand dam de sa famille. Tous les chemins s’ouvrent devant lui et il peut décider de lire ou d’écrire, de gérer une plantation de café, de courir au-devant de l’aventure. Tous les détours semblent bons plutôt que de suivre l’allée rectiligne des conventions, mariage, maison, travail bien payé.

« J’ai l’intention de continuer mes explorations jusqu’à ce que je trouve ce à quoi je suis destiné. Peu importe que j’y parvienne rapidement ou tardivement ; l’intérêt, c’est de ne pas lâcher l’affaire. »

Peut-être ces carnets vous offriront-ils un voyage dans le temps de votre propre vie ? Que faisiez-vous au même âge ? Que ne faisiez-vous pas ? Quels choix avez-vous dédaignés ? Exploration de vies parallèles, que vous auriez pu mener.

Des traversées de déserts mortels aux accrochages avec les milices locales, de l’inconfort des trajets en bateau à l’angoisse des fièvres mystérieuses, les deux amis trouveront-ils en Afrique ce qu’ils souhaitent faire de leur vie ?

Les Carnets du Nil blanc sont pour vous si :

  • Vous aimez l’histoire et la littérature ;
  • Vous voulez voyager ;
  • Vous aimez changer de perspective. Mais n’est-ce pas la redite du point précédent ?

Le petit plus : la photo de John et Joe, accompagnés du valeureux Nil blanc.

Difficulté de lecture : **

Pour d’autres récits de voyage, retrouvez ici les aventures de Mike Horn et Bernard Ollivier.

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Carnets du Nil Blanc – John Hopkins
Éditions de la Table Ronde, 2021
ISBN : 979-10-371-0902-6
250 pages
Littérature américaine

La Cité perdue du Dieu Singe – Douglas Preston

Je suis de la génération « Indiana Jones ». Je n’oublierai jamais le premier opus, dont les effets spéciaux étaient, pour l’époque, éblouissants. Bien sûr, ce n’était « que du cinéma », une histoire et des personnages inventés pour en mettre plein la vue. Dans la réalité, les archéologues sont des gens calmes, des scientifiques confirmés, agenouillés dans la poussière et balayant le désert à l’aide d’une brosse à dents. Vraiment ?

Des aventuriers modernes

Avec La Cité perdue du Dieu Singe, Douglas Preston nous prouve qu’au XXIe siècle, il est encore possible de s’enfoncer dans une jungle inextricable, Stetson sur la tête et machette à la main, d’affronter des serpents aussi agressifs que venimeux, de trébucher sur des reliques et découvrir une civilisation jusqu’alors inconnue. Rien que ça. Et c’est une histoire vraie.

« Et puis s’étaient enchaînées des coïncidences rocambolesques qu’aucun romancier digne de ce nom n’oserait mettre dans un livre. »

Pourtant, ses protagonistes n’aimeraient sans doute pas qu’on les compare au célèbre aventurier du cinéma. Car cette expédition a été très sérieusement préparée.

A la recherche de la cité perdue

Steve Elkins y a travaillé pendant plus de vingt ans. L’homme est réalisateur, passionné d’exploration et d’archéologie (il n’exerce pas officiellement ce métier, mais en a la sensibilité, ayant participé à des recherches universitaires au début de sa carrière). Dès les années 90, il s’intéresse à une légende, très célèbre au Honduras : le pays abriterait une fabuleuse cité blanche, la Cuidad Blanca, fondée il y a bien longtemps par un peuple puissant. On l’appellerait aussi la cité du Dieu Singe. Ses ruines se situeraient au cœur de la Mosquitia, l’une des régions les plus dangereuses au monde, réputée pour son environnement tropical hostile et ses narcotrafiquants.

Pour Steve Elkins, la cité devient une obsession. Il se documente, multiplie les recherches, part à la chasse aux financements, s’entoure d’une équipe compétente et utilise les technologies les plus modernes. En 2012, il localise ce qu’il pense être des ruines dans la Mosquitia. En 2015, il les arpente. C’est à sa ténacité que l’on doit l’incroyable découverte.

Au cœur de cette jungle infestée de parasites, de prédateurs et de singes moqueurs, une culture oubliée s’est développée il y a plus de 500 ans. Ni Maya, ni Aztèque. Un peuple sans nom tant on ne sait rien de lui. Un peuple ignoré pour avoir soudainement disparu et laissé la végétation recouvrir toute trace (ou presque) de son passage. Preuve qu’il existe encore quelques mystères à éclaircir sur cette terre.

« Je ne connais aucun endroit aussi isolé à la surface du globe. »

Des enseignements pour l’avenir

Douglas Preston est du voyage. Il met son talent de romancier au service de l’expédition. Le résultat est ce roman dans lequel il retrace l’aventure, de sa genèse à ses conséquences. C’est aussi l’occasion de mener une réflexion sur les enseignements que peut apporter l’archéologie : pourquoi les civilisations disparaissent-elles ? Et la question qui en découle directement : la nôtre est-elle menacée ?

Le bon sens et les échanges avec de nombreux experts nourrissent son raisonnement. Il évoque certains fléaux modernes et les similitudes avec ce qu’ont connu les sociétés préhispaniques. Déforestation incontrôlée, rivalités humaines, mauvaises décisions, inégalités croissantes, chocs entre cultures opposées, perte de sens…

« Un peuple a besoin d’une histoire pour se connaître, se forger un sentiment d’identité et de fierté, une continuité, une communauté et une foi en l’avenir. »

Qu’est-il donc arrivé aux habitants de La Cité perdue du Dieu Singe ?

Ce livre est pour vous si :

  • Vous n’avez pas peur de patauger dans la boue ;
  • Vous êtes intéressés par les rouages de l’archéologie passée et actuelle ;
  • Vous vous sentez concerné par l’écologie et vous interrogez sur le devenir du monde moderne.

Difficulté de lecture : **

Le petit plus : si vous êtes anglophone, la conférence TEDx de Steve Elkins à Pasadena, au cours de laquelle il raconte, non sans humour, son extraordinaire aventure. Je vous laisse méditer sur sa conclusion : « Chacun d’entre nous a la possibilité de changer le monde (…). Lorsqu’une idée ou une opportunité se présente, nous devons nous lever, agir et ne pas nous contenter de seulement y penser. C’est cela qui fera la différence ! »

Pour approfondir : le magazine « Secrets d’auteurs » de juin 2018, « A la découverte de Douglas Preston et de son dernier roman »

Sur des sujets proches, vous aimerez peut-être : « La conquête des îles de la Terre Ferme » (Alexis Jenni), et « Dans la forêt » (Jean Hegland).

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La Cité perdue du Dieu Singe – Douglas Preston

Editions Albin Michel, 2018 (pour la traduction française)

Traduit de l’anglais (Etats Unis) par Magali Mangin

Titre original : The lost city of the Monkey God

ISBN : 978-2-226-32506-8

382 pages

Littérature américaine

 

Trois livres qui parlent de mer et de voiliers

Le vieil homme et la mer – Ernest Hemingway

Qu’on soit ou non attiré par elle, la mer fascine. Ses vagues hypnotisent ou terrifient. Elle est impitoyable et belle comme la vie. Ou peut-être comme la mort.

C’est ce qu’expérimente Santiago depuis de longues années, et surtout le lendemain de ces quatre-vingt-quatre jours de pêche sans aucune prise. Le gaillard se fait vieux, vit dans un grand dénuement et semble désormais porter la poisse aux autres pêcheurs. C’est pourquoi le petit Manolin n’a plus le droit de partir en mer avec son vieil ami. Il faut que ses heures soient plus rentables.

Alors cette fois, Santiago part seul, plus déterminé que jamais à attraper un gros poisson. Un très gros poisson. Il harponne un marlin, et le combat commence.

« Le vieil homme et la mer » est un classique, l’œuvre la plus connue de l’auteur, qui lui valut le prix Nobel de littérature en 1954. Mais pourquoi donc ? En effet, le livre démarre lentement, de façon un peu simpliste. Franchement, quel est l’intérêt de suivre les mouvements lents d’un tel pêcheur ?

Et puis le poisson est ferré. Il tire la barque au large à la force de puissantes nageoires. Plus les pages défilent, moins on lâche le livre. On se dit pourtant que le combat est perdu d’avance : que peuvent de vieilles mains et un dos abîmé contre la vigueur d’un poisson de six mètres ? C’est mal connaître le pêcheur déterminé. Allégorie du courage. Avec une dose d’orgueil.

« Faut bien dire que c’est pas juste, pensa-t-il, mais je lui ferai voir tout ce qu’un homme peut faire, et tout ce qu’un homme peut supporter. »

Qu’adviendra-t-il de ce pêcheur volontaire ? Celui qui, chaque jour, prouve qu’il est possible d’accomplir l’inimaginable avant que la mort n’ait le dernier mot. Celui qui transmet à l’enfant ce (sage ?) enseignement. Arrivera-t-il à bon port ?

« Garde la tête froide et endure ton mal comme un homme. Ou comme un poisson. »

Difficulté de lecture : *

Ce livre est pour vous si :

  • Vous êtes de ceux qui ne lâchent pas prise
  • Vous voulez lire un classique sur la plage sans trop vous prendre la tête
  • Vous aimez l’écriture simple et puissante

Le petit plus : une nouvelle traduction (de Philippe Jaworski, professeur de littérature américaine) vient d’être publiée, en mai 2017. Les amateurs la disent plus proche et fidèle au texte original. Je n’ai lu que la première, celle de l’académicien Jean Dutourd. Les puristes pourront s’amuser à comparer !

http://www.leparisien.fr/flash-actualite-culture/nouvelle-traduction-pour-le-vieil-homme-et-la-mer-ultime-roman-d-hemingway-25-04-2017-6888723.php

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Prix Nobel de littérature 1954

Paru aux éditions Gallimard, 1952, pour la traduction française

Folio : ISBN : 978-2-07-036007-9

149 pages

Titre original : the Old Man and The Sea (Traduit de l’américain par Jean Dutourd)

Littérature américaine

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Soudain, seuls – Isabelle Autissier

Difficile de parler de mer ou d’océan sans, tôt ou tard, évoquer le mythe de Robinson. J’aurais pu vous parler du livre de Daniel Defoe (en fait, non, je ne l’ai pas encore lu), mais j’ai préféré évoquer ici une version plus moderne de cette fameuse histoire.

« Soudain, seuls » est le récit d’un naufrage. Celui d’un jeune couple parti faire le tour du monde en voilier. Les deux aventuriers amateurs se retrouvent coincés sur l’île de Stromness, au large du Cap Horn et de la Patagonie. C’est un endroit sauvage et froid où passent seulement quelques scientifiques de temps à autre. Successivement station de pêche à la baleine puis atelier de réparation pour la flotte des pêcheurs, le lieu est devenu réserve naturelle protégée, ce qui le rend plus désert encore.

Les deux naufragés, Ludovic et Louise, n’y trouvent que peu de ressources : les ruines rouillées et dépouillées de l’ancienne usine, des manchots, des oiseaux, des otaries, des éléphants de mer, des rats. La végétation est quasi inexistante. Il va pourtant falloir survivre.

« Il regarde autour de lui et pense que rien, pas un vol d’oiseau, pas une vague, pas un brin d’herbe, rien ne changera s’ils disparaissent ici. Le vent aura tôt fait de balayer l’empreinte de leurs pas. »

Quel sera leur plus grand défi ? Trouver de quoi manger ? Se réchauffer ? Ou bien sera-t-il d’une nature différente ? Un couple isolé sur une île. Deux personnages aux caractères et aspirations bien différents. Que devient l’amour lorsque la survie est en jeu ?

Isabelle Autissier était déjà connue pour ses exploits en tant que navigatrice et son engagement auprès de WWF France (World Wild Fund for Nature). Avec ce roman elle nous dévoile son talent d’écrivain. Talent certain et remarquable.

Difficulté de lecture : **

Ce livre est pour vous si :

  • Vous aimez la nature sauvage
  • Vous aimez les histoires de survie
  • Vous aimez aussi les histoires d’amour qui finissent bien. Ou pas.

Le petit plus : vous pouvez découvrir des photos de l’île de Stromness (à ne pas confondre avec son homonyme écossaise) en cliquant sur le lien suivant : http://www.kuriositas.com/2014/05/stromness-abandoned-whaling-station-of.html

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Paru aux éditions Stock, la Bleue, 2015

ISBN : 978-2-234-07743-0

252 pages

Littérature française

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Et si on partait ? – Valérie Bihain-Renard

Changement de genre et de style. Je plonge dans un livre autoédité. Rien à voir me direz-vous ? C’est vrai, et c’est tout l’intérêt.

« Et si on partait ? » Aucun drame maritime entre ces pages. Tout au plus quelques attaques sournoises de Monsieur « Mal de Mer ». Mais surtout le journal de bord haut en couleurs d’une famille relevant un défi pas banal.

C’est donc l’histoire vraie d’une année sabbatique. Cette fameuse année dont rêvent de nombreux quadragénaires, douze mois de légèreté pour trouver un second souffle et freiner la course du temps.

Valérie et Frédéric achètent un voilier modeste, quittent la Belgique où ils résident et emmènent leurs deux enfants le long des côtes espagnoles et portugaises, à la découverte d’un mode de vie différent. Quelques mètres carrés et les moyens du bord, au sens littéral du terme !

« Je n’ai jamais été aussi heureuse qu’avec le strict minimum sur le bateau. Et ça c’est un apprentissage précieux. Se contenter de peu pour être heureux. »

De plage en ponton, on suit la famille, au gré du vent capricieux, au fil de rencontres surprenantes. C’est toute la vie des petits ports côtiers que l’on découvre, la solidarité et le réseau des passionnés de voile et de voyages. Une ambiance qui finit par convaincre les plus terriens des lecteurs !

« Il est des rencontres qui vous laissent une marque indélébile. »

Le style n’est pas commun, l’auteure écrit comme elle parle, ce qui vaut au lecteur « d’entendre » quelques tournures et expressions wallonnes très typiques ! Le résultat est un « récit de vie, raconté au jour le jour », dynamique et drôle.

J’ai aimé embarquer sur le Riveo aux côtés de cette famille, et la lecture m’a laissé une furieuse envie d’explorer le Portugal et les abords de son remarquable fleuve Guadiana.

Difficulté de lecture : *

Ce livre est pour vous si :

  • Vous aimez les récits authentiques
  • Vous avez envie d’évasion.
  • Vous êtes taraudé par la crise de milieu de vie

Le petit plus : l’auteur propose de visiter son site, https://batoriveo.jimdo.com/, où vous retrouverez notamment la carte et les photos de cet étonnant périple familial.

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Autoédition

ISBN : 978-2-322-11232-6

240 pages

Littérature belge

Deux aventuriers d’exception : Mike Horn et Bernard Ollivier

Deux aventuriers d’exception : Mike Horn et Bernard Ollivier

Vouloir toucher les étoiles – Mike Horn

Il y a des hommes dont les rêves dépassent les sommets de l’Himalaya. Des hommes qui repoussent sans cesse leurs limites, non par orgueil, mais simplement pour vivre plus intensément. Des hommes dont les exploits sont étourdissants.

Mike Horn est de ceux-là.

Vous avez peut-être déjà croisé son visage dans les médias. Au fil des ans sa notoriété a grandi, tant ce qu’il a accompli ne pouvait passer inaperçu. Et si j’use et abuse des superlatifs, c’est que je suis restée époustouflée par son dernier livre « Vouloir toucher les étoiles ».

L’aventurier nous y raconte son dernier pari (par « dernier », j’entends « le dernier en date » : nul doute qu’il y en aura d’autres !) : enchaîner quatre 8000 sans cordes et sans oxygène. 8000 ? C’est ainsi qu’il nomme les sommets de plus de huit mille mètres d’altitude. Les pics de l’Himalaya ne se laissent pas facilement approcher et rares sont les élus qui parviennent sur le toit du monde. Avalanches, crevasses, chutes de pierre, froid mortel, manque de pression et d’oxygène, folie des hommes ; le danger est à chaque pas. L’auteur est alpiniste débutant (c’est lui qui le dit) mais ne manque pas de ressources. Il puise dans son expérience unique de la nature, des éléments et de son propre corps. Il grimpe. Il regarde le ciel. Et puis il redescend.

« C’est ma règle de vie désormais : partir pour revenir. »

Redescendre, rentrer vivant, retrouver les siens : il n’y a pas d’autre option ! Avez-vous une idée du nombre d’aventuriers, parfois malchanceux, parfois inconscients qui, chaque année, vont au bout de leur passion et ne reviennent jamais ?

« La présence de la mort renforce le goût de la vie. »

Entre deux chapitres de haute montagne, Mike Horn retrace son enfance, son parcours hors du commun et ses débuts en tant que spécialiste de l’extrême. Une histoire passionnante et touchante. Plus qu’un récit de vie, c’est une philosophie qu’il nous livre.

« Partir à l’extérieur, le plus loin possible, au-delà du mur, pour m’enrichir de l’intérieur, voilà qui donne un sens profond à mon existence. »

Quelques phrases simples et sans fioritures. Des principes de vie authentiques et inspirants.

« Chaque pas devient pénible mais on le réalise avec le seul plaisir de se surpasser. On apprend à aimer les choses que l’on trouve difficiles. »

« Le seul moteur, c’est la volonté. Une volonté tenace, granitique, absolue. »

Au fil des kilomètres marchés, nagés ou escaladés, l’homme a pris conscience de la fragilité de la nature. Ses voyages ont trouvé un autre but : transmettre aux générations futures. Leur léguer une terre saine et l’envie de la préserver. Ni grands discours ni vaine culpabilisation : Mike Horn emmène les jeunes aux quatre coins de la planète pour leur montrer plutôt que théoriser. A n’en pas douter, une méthode plus efficace que bien des promesses politiques !

« Les dangers de la nature ne sont rien comparés aux dangers humains. »

Dans l’interview suivante, vous l’entendrez parler de ses défis et ses motivations : Interview Mike Horn

Difficulté de lecture : *

Ce livre est pour vous si :

  • Vous aimez l’aventure et le dépassement de soi
  • Vous aimez les histoires de haute montagne, vous voulez en savoir plus sur les dangereux records d’alpinisme
  • Vous voulez voyager, respirer l’air frais et prendre un bon bain de nature

Le petit plus : envie de rentrer, mais pas tout de suite ? Vous pouvez réembarquer pour « Latitude zéro » (son tour du monde le long de la ligne d’équateur, en solo et non motorisé), ou « Conquérant de l’impossible » (son tour du cercle polaire arctique). Entre autres ! http://www.mikehorn.com/

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Paru chez XO Editions, 2015

ISBN : 978-2-266-27351-0 (Pocket)

251 pages

Inclus un cahier photos

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Longue marche – Bernard Ollivier

  • Traverser l’Anatolie – Tome 1
  • Vers Samarcande – Tome 2
  • Le vent des steppes – Tome 3

Je profite de cet intermède « aventures » pour vous parler de la longue marche entreprise par Bernard Ollivier il y a quelques années. Tellement longue qu’elle se déroule en trois tomes. Ces livres, je ne les ai pas lus, je les ai dévorés !

L’homme a déjà la soixantaine et entame sa retraite lorsqu’il décide de parcourir, seul et à pied, la mythique route de la soie, d’un bout à l’autre de l’Asie, d’Istanbul à Xian, en Chine. Il vient déjà d’arpenter le chemin de Compostelle et ne compte pas s’arrêter là : il veut aller à la rencontre « des hommes et des civilisations ».

« Et quel chemin est plus inspiré, ardent, porteur d’histoire, que la route de la Soie ? »

12 000 kilomètres sur quatre étés. Les pauses de l’hiver lui permettent de retrouver les siens… et panser ses blessures.

Bernard Ollivier traverse des pays à la fois dangereux et accueillants. Des pays méconnus dont les Occidentaux ignorent tout des coutumes et de l’histoire. Turquie, Iran, Türkmenistan, Ouzbekistan, Chine. Des pays tout aussi inquiétants qu’attirants.

Il repousse ses limites, les pieds abîmés et cloqués, souvent accablé de chaleur, parfois malade ou envahi de solitude. Il affronte les chiens sauvages et les déserts. Il balaie toute l’étendue des comportements humains : violence, trahison, cupidité, suspicion, indifférence, jusqu’à la générosité la plus désintéressée. Il rencontre des hommes et des femmes simples, attentifs et curieux, le cœur sur la main. C’est aussi l’âme humaine qu’il explore au fil des kilomètres.

La marche agit sur l’auteur comme une thérapie. Au seuil de la retraite, il aborde le dernier pan de sa vie et a toujours soif de découverte.

« Ceux qui veulent mourir dans leur lit et ne s’en éloignent jamais sont déjà morts. »

Ce long cheminement lui permet de rêver et s’interroger. Tel un Mike Horn plus tranquille mais tout aussi déterminé, il va de l’avant, avec lenteur, et se perd hors des sentiers balisés de la vie moderne.

« Le voyage à pied, solitaire, place l’homme face à lui-même (…) Les pèlerins se considèrent presque toujours changés après une très longue marche. C’est qu’ils y ont rencontré une part d’eux-mêmes qu’ils n’auraient sans doute jamais découverte sans ce long face-à-face. »

Ce moment de réflexion unique et précieux, il veut en faire profiter aux adolescents en perdition. En 2000, Bernard Ollivier crée l’association Seuil, qui aide de jeunes délinquants à retrouver leur équilibre après « une longue marche » de quatre mois en pays étranger. Les droits d’auteur des trois livres permettent de financer le projet (http://assoseuil.org/)

Là encore, cette philosophie du dépassement de soi trouve son but ultime, la transmission aux générations suivantes.

Difficulté de lecture : **

Ce livre est pour vous si :

  • Vous voulez marcher, savourer et souffrir avec l’auteur, sur les traces de Marco Polo
  • Vous aimez l’aventure
  • Vous aimez l’histoire et les cultures

Le petit plus : l’auteur s’est beaucoup documenté sur les pays traversés. Les livres sont parsemés d’anecdotes et d’informations historiques et géographiques. Sans jamais susciter l’ennui. La trilogie est une merveilleuse manière d’en apprendre un peu plus sur la route mythique, origine de tant de légendes et de fantasmes. Le dernier volume mentionne la bibliographie recommandée par Bernard Ollivier.

Autre petit plus : comment, vous n’avez toujours pas envie de rentrer ? Vous voulez poursuivre le voyage ? Un petit cadeau : un quatrième volume, écrit dix ans plus tard, « Longue marche, suite et fin » C’est un défi supplémentaire que l’auteur a relevé : puisque sa marche initiale avait commencé en Turquie, il fallait qu’il la complète. Par 3000 kilomètres de plus, de Lyon à Istanbul !

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1°) Traverser l’Anatolie

ISBN : 978-2-7529-0078-4 – Editions Phébus, 2000 – 320 pages

2°) Vers Samarcande

ISBN : 978-2-7529-0079-1 – Editions Phébus, 2001 – 309 pages

3°) Le vent des steppes

ISBN : 978-2-7529-0080-7 – Editions Phébus, 2003 – 348 pages

4°) Longue marche, suite et fin

ISBN : 978-2-7529-1069-1 – Editions Phébus, 2016 – 265 pages

Littérature française

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Envie d’un autre récit d’aventures ? Découvrez l’incroyable histoire de Raymond Maufrais

Aventures en Guyane – Raymond Maufrais

Avez-vous déjà eu envie d’aventure ?

Je vous parle d’une véritable aventure, sans matériel sophistiqué ni balise d’urgence. Sans équipe de secours, prête à venir vous injecter un anti-venin ou vous évacuer parce que votre famille vous manque. Pensez à l’exploration de terres inconnues, imaginez les expéditions d’antan qui vous apportaient la gloire ou vous prenaient la vie.

C’est ce qu’a tenté Raymond Maufrais, journaliste et explorateur dans les années quarante. L’homme a vingt-trois ans lorsqu’il part, seul, sans argent ni véritable équipement à travers la Guyane. Il veut y découvrir la vie primitive, celle des Indiens (qui, à l’époque, ne sont pas tous amicaux) en empruntant des chemins quasi-vierges et périlleux.

« Ma fortune c’est l’espace, la certitude de découvrir quelque chose d’inconnu, d’inviolé ».

« Aventures en Guyane » est le recueil de ses carnets de voyage, livrés tels qu’ils ont été retrouvés après la disparition de leur auteur.

Car Raymond Maufrais ne reviendra jamais de cette folle expédition. On perd sa trace au bord d’un fleuve où il abandonne son journal. Pourquoi ? Ne comptez pas sur moi pour vous le dire. Lisez donc le livre et partez à la découverte d’un homme surprenant. Vous ne devriez pas regretter le voyage.

A l’heure où la morosité et le défaitisme ont tendance à envahir nos vies, ces carnets sont une vraie leçon de courage. Leçon venue du passé, de la part d’un jeune homme, même pas trente ans, qui va jusqu’au bout de ses convictions, sa volonté, son éthique. Il souffre, se bat contre l’adversité et les idées noires. Et ne cède pas.

« mais non, je suis sûr que demain ça ira mieux. Certainement, voyons ! ça ira mieux ! »

« Dans la forêt il n’y a rien, rien, aucun espoir si l’on se perd. Une fois parti, une fois pris par elle, l’abandon, la fatigue, le cafard, plus rien n’est permis. Il faut aller de l’avant ou crever. »

« Même sans manger je pense pouvoir tenir, car je veux arriver. »

Ces phrases, il se les répète comme des mantras, du début jusqu’à la fin. Il combat ce fameux « cafard » et croit dur comme fer à l’action. Formidable personnage qui, à dix-sept ans, a déjà reçu la croix de guerre pour s’être distingué dans la résistance. Et qui pourtant se fustige de n’avoir encore rien accompli dans la vie ! Qui dit mieux ?

Journaliste de métier, Raymond Maufrais possède également un talent certain pour l’écriture, ce qui ne gâche en rien la lecture de ses « aventures ». Son style nous plonge en pleine forêt, nous donne à découvrir la faune, la flore, et les habitudes locales, parfois si éloignées de nos réflexes occidentaux. Je vous livre ici un passage fabuleux du livre, passage au sens propre, vers la forêt guyanaise et ses dangers :

« Marcher en forêt, c’est ployer sous le sac, à chaque pas trébucher, glisser, tomber, on se raccroche à un arbre, et c’est un épineux ! On le lâche pour un autre, il cède car il est pourri et vous voilà couvert de fourmis ; on évite une liane pour tomber dans une autre ; on met le pied sur un tronc qui cède et vous voilà enlisé jusqu’aux genoux ; sur un autre, on dérape ; on reprend l’équilibre, mais le pantalon accroché au passage se déchire et le fusil prisonnier d’une liane vous repousse en arrière, vous fait perdre de nouveau l’équilibre alors que, nerveusement, vous cherchez à tirer au lieu de trancher, et vous voici par terre, sur des feuilles et, au-dessous de ces feuilles, un tapis de piquants d’avoara ; les mains zébrées par les herbes coupantes, l’œil rouge d’avoir été éborgné, on avance pas à pas, le sabre à la main dont le fil, déjà, est retourné d’avoir tant et tant taillé. Marcher en forêt, c’est aussi se glisser, ramper, marcher à genoux, à quatre pattes pour franchir un obstacle. C’est se barbouiller de toiles d’araignées gluantes, se couvrir de fourmis, défoncer un nid de mouches méchantes et se retrouvé enflé, meurtri, harassé, épuisé, saignant, prêt à mettre le pied à l’endroit précis où une seconde auparavant un petit serpent noir et terriblement venimeux se tortillait dans une tache de soleil et le voir filer prestement, mais avec la crainte de le retrouver sans pouvoir l’éviter, dans ce tas de branches, dans ce trou herbeux, accroché cette liane froide et fine et humide qui glisse dans le cou et menace de vous étrangler, cependant que vous frissonnez, prêt à hurler de terreur, croyant déjà sentir l’étreinte de l’anaconda ou les crocs du grage. »

Isolé de tout et de tous, les pieds dans la pourriture et les nids de serpents, Raymond Maufrais reste lucide et modeste. Ses pensées volent vers sa famille puis se fixent sur les pages de ses carnets :

« C’est curieux ce que l’on peut raconter de choses inutiles dans un journal intime. Si tout devait être publié, ce serait barbant. »

Et bien non, Monsieur Maufrais, votre journal n’est pas barbant. C’est un voyage, ainsi qu’un magnifique exemple que vous offrez aux générations actuelles.

Difficulté de lecture : **

Ce livre est pour vous si :

  • Vous êtes prêt à vous faire secouer les puces, à oublier pour un temps l’inertie et le confort contemporains !
  • Vous voulez découvrir ou retrouver la Guyane et son ambiance moite
  • Vous voulez vivre une expérience de survie incomparable

Le petit plus : le « taki taki », cette langue incroyable, mélange de plusieurs autres dont l’auteur nous livre parfois quelques phrases. « Dialecte utilisé par les différents habitants du fleuve Maroni, mélange d’anglais, de hollandais, de créole et de français. La syntaxe est purement africaine. »

Pour aller plus loin : Je suis bien loin d’être seule à m’être passionnée pour cette histoire ! Il existe une association « des amis de l’explorateur », des livres, des bandes dessinées, des films, un site Internet (www.maufrais.info), une page Facebook . L’idée est de retracer son parcours et celui de son père (car le courage est une caractéristique familiale chez les Maufrais) et perpétuer cet incroyable noblesse d’esprit. Bref, de quoi prolonger longtemps l’aventure…

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Paru aux éditions Points, 2014 (réédition)

ISBN : 978-2-7578-3846-4

306 pages

Littérature française