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Rencontre avec Martine Paulais (ateliers d’écriture Alice et les Mots)

J’ai rencontré Martine lors d’un week-end « atelier d’écriture » qu’elle avait organisé à Lille, sur le thème du suspense. Tout un programme ! C’était la première fois que je me retrouvais dans un groupe d’une dizaine de personnes, pour écrire et échanger pendant deux jours. Autant dire que j’étais plutôt inquiète. J’espérais que les idées viendraient, que les mots s’accorderaient pour former des textes… lisibles ! Mais Martine sait mettre à l’aise, créer une atmosphère bienveillante et effacer les appréhensions. Pour « une pile de livres », elle a accepté de répondre à quelques questions, et c’est avec beaucoup de plaisir que je vous livre cette interview.

  • Pouvez-vous résumer votre parcours ?

J’ai toujours aimé lire et écrire des histoires. Quand j’étais enfant, j’écrivais des pièces de théâtre, je montais des spectacles pour les copines ou j’inventais des contes horrifiques que je leur racontais sur le chemin de l’école… Plus tard, j’ai travaillé dans la presse et la communication, tout en publiant des nouvelles et en écrivant pour le théâtre. Il y a dix ans, j’ai suivi une formation à l’animation chez Aleph Ecriture et j’ai commencé à animer des ateliers : d’abord dans une librairie de mon quartier, puis dans des centres d’animation, en médiathèque, en milieu scolaire… « Alice et les mots »(*) était lancé ! De fil en aiguille, j’ai étendu mon activité que j’exerce aujourd’hui à temps plein.

(*) Nom donné à son site et ses ateliers d’écriture

  • A qui s’adressent les ateliers d’écriture que vous animez ?

Mes ateliers sont ouverts à tous ceux qui ont envie d’écrire, que ce soit dans un cadre personnel (loisir ou projet d’écriture) ou professionnel (développer ses compétences en écriture). Les gens y viennent pour écrire mais aussi pour partager des mots, des histoires et des moments avec les autres. Les objectifs des participants sont variés, mais le dénominateur commun c’est bien sûr le désir d’écrire.

Je propose ainsi plusieurs types d’ateliers : l’un est destiné à ceux qui ont un projet d’écriture et veulent se donner les moyens d’aller jusqu’au bout, et pourquoi pas de publier ; un autre à ceux qui veulent écrire pour le plaisir et rien d’autre ; enfin un atelier consacré à la nouvelle pour les amoureux du format court. Parallèlement, je travaille aussi pour des structures qui me demandent soit d’animer des ateliers, soit de former des animateurs.

  • En quoi consistent-ils ?

« L’atelier du Manuscrit » est destiné à faire progresser un projet d’écriture : il y a une part de coaching (j’aide les participants à mettre au clair leur désir d’écrire ce projet et à se donner les moyens de le réaliser), et une part de travail sur les textes, en groupe et en individuel. Je relis la production de chacun et propose des outils pour l’améliorer, enfin le groupe tout entier est sollicité à travers des lectures croisées et des échanges toujours fructueux.

« L’Atelier Court et Sans Sucre » est destiné à ceux pour qui écrire est avant tout un loisir. Il propose des séances courtes avec, à chaque fois, une proposition d’écriture différente suivie d’un temps de lecture et d’échange autour des textes.

L’Atelier de la Nouvelle, quant à lui, propose d’explorer la forme de la nouvelle et bien sûr d’en écrire. Cette année, les participants écrivent chez eux des nouvelles qui seront lues et discutées pendant les séances.

J’anime aussi des stages thématiques d’une journée tout au long de l’année : sur le personnage, la structure du récit, les dialogues… ou encore des journées d’écriture créative pour relancer l’inspiration. Je propose également des ateliers par courriel, soit individuels soit en réseau et, à partir de juin, des stages au vert dans un lieu magique en Normandie !

  • Quel est votre meilleur souvenir (ou un souvenir amusant, surprenant, émouvant) d’atelier d’écriture ?

Il y en a beaucoup, mais je garde un souvenir ému du tout premier atelier que j’ai animé, lorsque j’ai pris conscience que les gens plaçaient en moi une confiance énorme. Je me suis juré de tout faire pour ne pas les décevoir.

  • Que dites-vous à quelqu’un qui a l’envie d’écrire, mais qui n’ose pas ?

J’aime bien citer la phrase de Michel Audiard : Il ne faut pas se demander comment démarrer, il faut le faire. Même mal…  L’important, c’est de se lancer ! Quitte à écrire n’importe quoi, la première phrase qui vous vient à l’esprit, puis tirer le fil… Il arrive toujours un moment où « ça décolle ».

  • Y a-t-il un livre sur l’art d’écrire que vous aimez conseiller ?

« Ecriture, mémoires d’un métier » de Stephen King, qui se lit comme un roman

  • Que lisez-vous ?

Des romans, des nouvelles, des biographies d’auteur, des essais, des livres sur l’écriture, des bandes dessinées et de la poésie…

  • Si vous étiez le personnage d’un roman, qui seriez-vous ?

Une sorcière. De celles qui vivent dans la forêt et communiquent avec les animaux, les arbres et les éléments…

  • Quel est votre tout premier souvenir d’écriture ?

Je me souviens d’avoir écrit de nombreux feuilletons lorsque j’étais enfant, et des pièces de théâtre que mes ami-e-s et moi-même montions pour faire des spectacles où nous invitions les enfants du quartier… mais le tout premier est vraiment trop loin pour le nommer avec précision !

  • Avez-vous des routines d’écriture ?

D’abord je me fais un thé ou un café, je coupe le son du téléphone et la connexion internet, puis je m’assois devant ma feuille ou mon ordi et j’écris. Je peux aussi aller au café où, même chose, je commande un thé ou un café, je coupe le son du téléphone, etc.

  • Avez-vous parfois l’angoisse de la page blanche ? Si oui, quel est votre meilleur truc pour la combattre ?

Les jours « sans », je vais faire de longues balades à pied pour m’aérer la tête… en général, ça marche.

  • Que souhaitez-vous transmettre par l’écriture ?

Certainement des émotions. Pour le reste, en matière de fiction j’écris le genre d’histoires que j’aime lire… j’aimerais transmettre ainsi le plaisir que j’ai à lire et à écrire.

  • Avez-vous des projets d’écriture en cours ?

J’en ai toujours plusieurs sous le coude, c’est pour moi un bon moyen d’éviter l’angoisse de la page blanche ! Quand un projet n’avance pas, je travaille sur un autre. Mais je vais toujours jusqu’au bout.

***

Site : https://boitealice2.wordpress.com/

Bibliographie :

Poésie et nouvelles

Elle serait partie, écriture et installation sonore dans le cadre de l’exposition « Concorde » à Avranches (juillet-août 2016)

Princesse qu’on rentre, éditions Mémoire Vivante (Printemps des Poètes 2010)

Dis-moi si ta vie a la couleur de l’ombre, éditions Mémoire Vivante (2004)

La Troisième Sœur, éditions Mémoire Vivante (2002)

Théâtre

Mafia, ma non troppo, Théâtre de Nesles (Paris, 1995), mise en scène Oscar Sisto

Le Petit chaperon rouge ou une nuit à Tokyo, Atelier Bastille (Paris, 1994), mise en scène Lucienne Rousseau

La Forêt des Jours, France Culture (1992), réalisation Anne Lemaître

Autres

Papier, créations et métamorphoses, éditions Larousse /Dessain et Tolra (novembre 2006)

Et des publications dans les revues « Temps », « Incognita », « Midi », « Le Jardin d’Essai », « Le Paresseux »…

Rencontre avec Annette Lellouche, écrivain

A force d’évoquer les excès des réseaux sociaux, on en oublie parfois toute la magie ! J’ai rencontré Annette via LinkedIn. L’enthousiasme et la bienveillance qu’elle mettait dans ses commentaires m’ont convaincue d’acheter son livre « retourne de là où tu viens ». S’en est suivi un échange régulier d’e-mails et de conseils de lecture.

Lorsque vous la rencontrez, Annette vous fait l’effet d’un rayon de soleil. Son sourire et son dynamisme illuminent l’atmosphère. Il ne s’agit pas d’une quelconque flatterie intéressée ; c’est réellement le sentiment que j’ai eu.

Née à Tunis, elle est fille d’un père tailleur et d’une mère couturière. Après avoir brillamment réussi l’examen d’entrée et obtenu une bourse, elle intègre le lycée français (Lycée de jeunes filles Armand Fallières), fait plutôt remarquable compte tenu de ses origines modestes. En 1961, à la suite des évènements de Bizerte, la famille s’installe à Paris, où Annette se voit forcée de renoncer aux études. Il lui faut travailler. Elle se retrouve dans un pool de dactylos au sous-sol du « Bon Marché ». Transition difficile pour une enfant du soleil. Mais elle se bat, prend des cours de sténo par correspondance et des cours du soir d’anglais, pour bâtir sa carrière de femme d’affaires en région parisienne. A la retraite, elle s’installe dans le Sud de la France. Elle a toujours lu mais ne pensait jamais « franchir la ligne séparant les lecteurs des écrivains ». C’est pourtant ce qui arrive lorsqu’elle intègre un atelier d’écriture puis publie ses premiers romans.

Pour « Une Pile de Livres », Annette a accepté de répondre à quelques questions sur cette double expérience de lectrice et d’écrivain.

Vous avez décrit votre parcours dans « retourne de là où tu viens », pouvez-vous nous en dire plus ?

En effet, tout ce qui figure dans le livre est vrai, au mot près. Victime de harcèlements anonymes lors d’un concours littéraire, j’ai voulu partager cette expérience connaissant les dérives d’Internet, surtout auprès des collégiens. En première partie, je raconte « d’où je viens » (le titre du roman est issu d’un des mails d’insultes reçus). Et en seconde partie, sur un ton humoristique pour dédramatiser, j’emmène le lecteur pour essayer de savoir « qui et pourquoi » ? Seuls les prénoms ont été changés sur les conseils d’Annie Bruel, grande romancière du PACA, qui m’a fait l’honneur de préfacer mon livre. Mon prénom sera Francette (ce n’est pas innocent, on le découvre dans le déroulement de l’histoire). Ce roman autobiographique est ma plus grande fierté, car il est entré à l’étude au Collège de Ste Maxime Bertie Albrecht, pour la deuxième année consécutive, dans une classe de 3ème. En fin d’année une rencontre pédagogique est organisée avec les collégiens.

Couverture_Retourne de là où tu viens

Les livres ont toujours tenu un grand rôle dans votre vie, n’est-ce pas ? Que lisez-vous ?

J’ai su lire dès l’âge de quatre ans. A l’époque, nous avions une voisine directrice d’école. Elle m’a appris à lire en même temps qu’à son fils.

À 6/7 ans je dévorais « Nous Deux » et « Bonne Soirée », de belles histoires d’amour qui déjà me faisaient rêver !

Je suis très éclectique dans mes lectures. Je lis tout ce qui me tombe sous la main ! J’aime beaucoup la philosophie, notamment l’auteur Irvin Yalom, qui met cette discipline à la portée de tous. Je lis aussi des essais. J’y trouve toujours mon plaisir pour apprendre, toujours apprendre. Une exception peut-être : je ne lis pas de livres sur la politique pour ne pas me laisser influencer. Je préfère la suivre en direct.

Y a-t-il un livre qui vous ait particulièrement marquée ?

Question difficile mais j’en choisirais deux parmi toutes mes lectures.

« Tu n’es pas une mère comme les autres », d’Angelika Schrobsdorff. L’auteur raconte l’histoire de sa mère libre et anticonformiste, qu’elle aime avec dévotion malgré leurs rapports compliqués… J’apprécie tout dans ce livre, le style, l’histoire, l’époque entre deux-guerres et le grain de folie de cette mère. C’est un choix très personnel.

Le second est « Des fleurs pour Algernon », de Daniel Keyes. La science se servira d’une expérience complètement fictionnelle sur une souris et un jeune idiot, pour avancer. J’aime ça !

Si vous étiez le personnage d’un roman, qui seriez-vous ?

Je n’y ai jamais réfléchi ! Je dirais… un auteur ou un peintre ! Plutôt un peintre !

Quel est votre tout premier souvenir d’écriture ? Qu’est-ce qui vous a poussée à intégrer cet atelier ?

Ecrire ne m’avait jamais effleuré l’esprit avant la retraite. C’est arrivé par hasard, mais comme on dit, il n’y a pas de hasard, il y a des rencontres !

Un jour, j’ai croisé en ville une dame qui demeurait non loin de chez moi. Elle était accompagnée d’un écrivain poète. Ils se rendaient à l’atelier d’écriture. Ils m’ont invitée à y participer à la rentrée, sauf qu’il me fallait attendre la rentrée des « débutants » deux mois plus tard. Pas question, moi c’est tout de suite et après quelques insistances, j’ai démarré avec « les grands ». On m’a distribué une feuille (puisque j’étais là…) Mes premiers essais ont convaincu le groupe. « Vous avez une plume d’auteur », m’a dit tout de go l’animateur, en lisant au-dessus de mon épaule (il le répétait trop souvent d’où la jalousie et le harcèlement subi). Il a toutefois mis une condition : je pouvais intégrer cet atelier sous réserve de participer également à celui réservé aux débutants. Pour moi c’était la cerise sur le gâteau, toujours mon envie d’apprendre. C’est ainsi que j’ai découvert ce lieu magique où l’on pouvait s’exprimer sans retenue.

Mon tout premier texte est intitulé « Sonate en ré mineur ». Il neigeait ce jour-là et il fallait raconter notre ressenti à la vue de la neige. Moi qui venais des pays chauds, ça ne me parlait pas du tout ! « Eh bien écris-le ! », m’a encouragée l’animateur. Ce texte a été choisi pour apparaître dans les Cahiers de la Médiathèque N°3, publication d’un recueil à plusieurs mains de l’atelier des « anciens », offert par notre Député Maire. Un deuxième texte a également été sélectionné. De ça aussi je suis très fière !

Avez-vous des routines d’écriture ?

Dans ma tête, j’écris vingt-quatre heures sur vingt-quatre ! Quand je me réveille la nuit, je pense à ce que je devrais écrire. J’ai toujours un bloc quelque part. J’y écris un mot, pour me souvenir de l’idée le lendemain.

Quand j’entre en écriture, je démarre sur une idée, une citation, une image parfois. Je ne sais pas ce que je vais raconter, ni dans quelle direction je vais, mais dès les premières lignes, j’essaie toujours de trouver un titre. Ce sera mon fil conducteur. Ça me stimule, même si, au final, j’en choisis parfois un autre.

Deuxième réflexe, j’ouvre toujours deux pages. L’une sur laquelle je démarre mon histoire avec son titre, une autre intitulée « pensées annexes pour… ». Ce sont en quelque sorte des pense-bêtes que je note au hasard et qu’à un moment ou un autre j’intègre au fil du récit. C’est ma bibliothèque de pensées.

J’agis de la même manière lorsqu’une phrase ou un passage dans un livre me séduit particulièrement. Je note sur un carnet ce qui m’a touchée. Non pas pour plagier l’ouvrage, simplement revivre cette émotion qui pourra déclencher ma plume. Je suis d’ailleurs abonnée à un site qui envoie une citation par jour. C’est inspirant.

Avez-vous parfois l’angoisse de la page blanche ? Comment la combattez-vous ?

L’angoisse de la page blanche ? Je ne connais pas ! J’ai tellement de choses à dire, à raconter ! Peut-être que ça m’arrivera un jour, on ne sait pas ce que la vie nous réserve. Mais pas pour l’instant.

Il m’arrive de ne pas avoir envie d’écrire. Alors je me lance dans une poésie (ce que je faisais en sixième, trop précoce, je m’ennuyais en cours). J’adore écrire quelques vers, y mettre le ressenti du moment, ça m’aide beaucoup. D’ailleurs, je publierai un jour un recueil de poésies. Le lectorat des recueils de poésie est assez restreint, mais peu importe !

Je navigue entre mes vers, mes textes, mon livre en cours. Il vaut mieux avoir plusieurs plats au chaud, cela permet des pauses bénéfiques!

Vous offrez volontiers votre aide aux écrivains débutants. Que diriez-vous à quelqu’un qui a l’envie d’écrire mais qui n‘ose pas ?

Ma réponse est dans votre question : il faut oser ! Je le dis et l’écris tout le temps ; il faut se mettre en danger et être sincère ! Les lecteurs ne s’y trompent pas. Tricher n’est pas écrire ! Si on n’ose pas, ce n’est pas la peine. On a tous des rêves, les faire vivre par personnages interposés ne peut qu’apporter du bonheur ! Néanmoins, pas facile l’exercice…

D’ailleurs, tous les auteurs mettent un peu d’eux dans leurs écrits. Je me suis même rendu compte que dans un de mes romans pour la jeunesse, j’avais inconsciemment raconté mon enfance transposée dans un autre lieu, une autre époque. Mais la trame est bien réelle. Instinctivement, tout ce que l’on a emmagasiné ressort, sous une forme ou une autre. Il faut de l’imagination pour installer les personnages, inventer tout autour des situations nouvelles, sans que l’on se rende compte que l’auteur parle de lui.

Que souhaitez-vous transmettre par l’écriture ?

Je ne fais pas la morale, ce n’est pas mon rôle. Mais je veux transmettre les valeurs telles que courage, honnêteté, fierté. Partager les grandes valeurs de la vie, surtout dans mes romans jeunesse !

Je veux aussi transmettre l’envie de lire, d’écrire ou de peindre. Une petite fille qui n’aimait pas la lecture a dévoré l’un de mes livres lorsqu’elle a su qu’elle pouvait le colorier. J’ai à dessein mis des pages (mes peintures) en couleur et mes dessins en N/B, encourageant les enfants à ajouter leurs couleurs aux miennes. Et ça marche !

Et transmettre la passion. Je suis une passionnée. Donner de l’espoir, rien n’est jamais perdu ! Je ris, même quand ça va mal. C’est ça la vie !

Avez-vous des projets d’écriture en cours ?

En fin d’année dernière, j’avais un livre en cours lorsque j’ai eu un accident grave. Je suis une miraculée. Moi qui n’avais jamais mis les pieds dans un hôpital, j’ai rattrapé mon retard en quelques semaines ! J’ai donc mis de côté ce livre en cours pour témoigner de mon accident et des dysfonctionnements à l’hôpital qui auraient pu avoir des conséquences fâcheuses. Je veux témoigner, non par esprit de vengeance, mais pour aider les gens, les mettre en garde de ne rien subir mais de réagir à temps.

Vous parler fait remonter les souvenirs. Je pense à Simon, un petit garçon de mon quartier qui ne savait ni lire ni compter. Il était dyslexique, problème totalement ignoré à l’époque. A neuf ans, je réunissais quelques enfants de mon quartier, de parents analphabètes, et leur faisais la classe. Dont Simon. Bien plus tard, j’ai eu de ses nouvelles, et j’ai appris qu’il était chef d’entreprise et très heureux. Le bonheur des autres, c’est aussi notre bonheur !

Les trois mots-clés qui, selon moi, définissent au mieux la personnalité d’Annette : joie de vivre, disponible, déterminée !

***

Son site : http://www.a5editions.fr/

Son blog : http://ninanet.vip-blog.com/

Sa bibliographie :

« retourne de là où tu viens » (témoignage, polar humoristique)

« Un soir d’été en Sardaigne » (saga romanesque)

Trilogie provençale, romans jeunesse : « Gustave » – « Lettre à pépé Charles » « Charles et Aurélien »

« La clé de l’embrouille » (policier, suspense psychologique)

« Gracieuse et Panache sont amis » Tome 1 (roman jeunesse, premières lectures)

« Gracieuse et Panache à la fête de l’école » Tome 2 (parution mars)

Rencontre avec Amélie Nothomb

Pour qui s’intéresse aux livres et à l’actualité littéraire, ce nom est forcément familier. Amélie Nothomb est un auteur prolifique, qui publie un roman par an, depuis vingt-cinq ans, à chaque rentrée littéraire.

Cela ravit ou agace. Certains adorent cette régularité de métronome et le style si particulier de la romancière (des livres très courts, aux sujets toujours originaux). D’autres s’énervent de ce systématisme et trouvent que les romans gagneraient à être plus longs ou « plus fouillés ». Quelques titres comportent des éléments autobiographiques qui ne semblent pas conformes à la stricte réalité, ce que les puristes ont tendance à ne pas pardonner.

C’est donc avec une immense curiosité que je me rends à cette rencontre avec Amélie Nothomb organisée en octobre dernier par le club de lecture France Loisirs. Je n’avais lu d’elle que « Stupeurs et tremblements » (que j’ai adoré et qui m’a beaucoup fait rire) et « le crime du conte Neuville » (que j’ai trouvé plaisant, sans plus). De l’auteur, je ne connaissais que ces deux titres, le look tout en noir, blanc et rouge à lèvres profond, et ce parfum de polémiques flottant autour de son nom.

Me voilà donc à Paris, par une après-midi un peu grise, à tourner autour du siège de France Loisirs. Leur magasin est fermé, réquisitionné pour les préparatifs de l’interview. Zut ! Je cherche une librairie pour acheter le dernier roman de l’auteur (« Riquet à la houppe ») : je ne veux pas arriver devant elle sans rien à faire signer. Je finis par trouver, échange quelques mots avec la libraire qui trouve les livres d’Amélie Nothomb « trop courts » (encore une !) puis arrive avec un peu d’avance sur les lieux de l’interview.

Coup de chance, je trouve une chaise libre au premier rang, à moins de deux mètres de celle de l’auteur. Une place de choix ! Amélie arrive bientôt, silhouette menue mais qui en impose malgré tout par le regard attentif qu’elle laisse planer sur l’assemblée. Elle cherche des lecteurs connus, veut faire connaissance avec les autres, demande les prénoms. Le premier contact est sympathique, tout en bienveillance et volonté d’échanger.

Amélie Nothomb

Rapidement l’interview commence. Quelques discours, l’auteur reçoit des fleurs (magnifiques !) et du champagne puis s’assied pour répondre aux questions de la journaliste chargée de mener la discussion. Je suis impressionnée par sa maîtrise de l’exercice. On la savait douée pour l’écrit, elle est magistrale à l’oral. Elle manie l’humour et l’auto dérision pour détendre l’atmosphère, puise, sans la moindre once de pédantisme, dans une culture littéraire qu’on devine immense. Je ne regrette pas le voyage. Dans la conversation, elle répond à plusieurs interrogations que j’avais à son sujet.

A propos de ses romans, elle admet que, contrairement à certaines apparences (le choix du conte comme forme littéraire de ses romans récents, son incapacité à utiliser les technologies modernes), ses histoires sont profondément ancrées dans le monde actuel. Elle parle de choses graves, tout en restant dans la légèreté. Elle aime notamment écrire pour et sur les personnes en décalage avec la société. Ses personnages sont toujours atypiques, à commencer par leur prénom : de Trémière à Déodat, l’auteur fouille le dictionnaire (qu’elle a entièrement lu dans son jeune âge) pour dénicher des prénoms riches de sens et trop peu utilisés à son goût.

Son objectif est d’exprimer les exclusions, notamment « les exclusions bêtes ». Selon elle, il suffit de bien peu pour être mis au ban d’une société particulièrement raide, qui rejette les accents inhabituels ou les vêtements bizarres. Si des choses aussi stupides peuvent vous exclure, « imaginez ce que peut faire de vous l’origine ethnique, la religion, j’en passe et des pires ! » Pour avoir vécu ce genre de situation (« j’ai été une Belge socialement inadaptée à cause de mon langage et de mon habillement pas comme les autres »), Amélie Nothomb souhaite donner la parole à tous ces rejetés.

L’auteur se dit avoir été enceinte de chacun de ses romans. Elle attend ainsi le 87ème. Si elle n’en publie qu’un seul chaque mois de septembre, Amélie Nothomb écrit quatre livres par an. Elle en choisit un qu’elle consacre au public, celui qui suscitera le plus d’intérêt, et conserve les autres dans des boîtes à chaussures à l’abri des regards intéressés de son éditeur. Selon elle, ces manuscrits secrets sont plus souvent des réflexions écrites pour elle-même que des histoires destinées aux lecteurs.

Elle parle aussi de son rapport à l’écriture, qui évolue au fil des ans. L’auteur est très influencé par le style épuré de l’Asie, et l’art d’exprimer beaucoup en un seul trait. Il est important de ne pas tout dire, car « quand on dit tout, on ne dit rien »… C’est la raison pour laquelle ses romans sont chaque année un peu plus courts. Si elle était certaine de pouvoir ainsi tout retranscrire, elle ne nous livrerait que des haïkus ! A ceux qui jugent ses romans trop minces, elle répond : « ça va empirer ! »

Retranscrire « les sons » qu’elle entend est tout l’enjeu de son écriture : « j’espère que ce que j’écris ressemble à ce que j’ai dans la tête. » Elle dit avoir tous les jours l’angoisse de la page blanche, le problème n’étant pas de trouver l’idée mais de savoir comment l’exprimer.

Elle répond ouvertement aux médias qui cherchent à dénoncer le fait que ses autobiographies ne sont pas toujours conformes à la réalité. « Dans les livres, j’écris une expérience humaine qui a fait de moi la personne que je suis aujourd’hui ». L’important est là, pas dans les dates ou les lieux. Le romancier peut écrire ce qu’il veut tant qu’il l’écrit lui-même. C’est en cela qu’on sait qu’un livre est authentique.

Amélie Nothomb évoque enfin la littérature en général et son appétit boulimique des livres. Elle écrit quatre heures chaque jour, puis, lorsqu’elle n’a pas d’autres engagements, consacre ses après-midis à la lecture. France Loisirs lui offre la possibilité de « de sauver un livre » tous les trois mois en le mettant à l’honneur. C’est « un pouvoir extraordinaire » auquel elle tient beaucoup. Elle aime repêcher les auteurs inconnus ou les livres tombés dans l’oubli. Au fil de l’interview, elle cite certains de ses coups de cœur littéraires : « les mains du miracle » (Joseph Kessel), « comment Baptiste est mort » (Alain Blutière), « La Princesse de Clèves » (Mme de Lafayette). Elle conseille à ceux qui ne lisent pas de trouver l’auteur qui saura les sensibiliser : « il y a forcément un ou plusieurs auteurs qui sont faits pour vous ! »

Encore quelques plaisanteries au sujet de sa voilette qui ne tient pas et finit par tomber, et voilà l’interview terminée. Une petite heure passée bien vite. La journée se poursuit par l’incontournable séance de dédicaces. France Loisirs nous offre un exemplaire de « Riquet à la houppe », qui rejoint celui que j’ai acheté plus tôt dans la librairie voisine ! La file d’attente se forme et chaque lecteur a l’occasion de parler quelques minutes avec l’auteur et lui poser sa question subsidiaire. Bulles, petits-fours et ambiance conviviale. Le bilan est très positif : j’ai rencontré une belle personne, qui exprime parfaitement les intentions posées dans ses livres. Amélie Nothomb est un auteur attentif et proche de ses lecteurs (elle répond d’ailleurs elle-même aux nombreux courriers qu’elle reçoit). Et à voir le visage des fans présents lors de cette journée, la reconnaissance et l’admiration qu’ils montrent compensent largement les critiques régulièrement parues sur la romancière !

Dédicace !

Pour terminer cet article, voici une liste des 25 romans publiés, que je me suis promis de lire avant la fin de 2017 (l’avantage du format court !) Histoire d’avoir une meilleure vue de l’œuvre et pouvoir m’en faire une réelle opinion. Qui relève le défi ? En avez-vous lu certains ? N’hésitez pas à partager dans les commentaires !

 

Si vous souhaitez en savoir plus sur Amélie Nothomb, allez voir son site officiel. C’est par ici : http://www.amelie-nothomb.com/

Voici la biographie qui, totalement véridique ou non (qu’importe, n’est-ce pas ?), y est reprise :

Fille de diplomate belge, Amélie Nothomb est née le 13 août 1967 à Kobé, au Japon. Elle publie en 1992 son premier roman Hygiène de l’assassin, unanimement salué par la critique et le public. En vingt ans de carrière, Amélie Nothomb a notamment été récompensée par le Grand Prix du Roman de l’Académie française 1999, le Grand Prix Jean Giono pour l’ensemble de son œuvre et le Prix de Flore 2007.