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Que diriez-vous d’une petite bière dans un pub de Londres ?

Mauvaise idée. Dans certains quartiers rôdent des ombres étranges et malveillantes.

Un corps sans mains vient d’être retrouvé dans un cimetière de l’ouest londonien. Sur sa peau est gravé un mélange de lettres et de chiffres qui met l’inspecteur Foster sur une piste originale. L’inscription ressemble à une référence d’index recensant d’anciens actes d’état civil. Dès lors, Foster et sa collègue Heather se plongent dans le passé de la ville.

Nigel Barnes, généalogiste professionnel, navigue d’un centre de recherches à l’autre et les guide dans cette exploration inédite.

Toute la question est maintenant de savoir si l’on peut faire un bon polar en se servant de la généalogie. Après tout, l’activité ne véhicule pas une image très dynamique et a la réputation d’attirer surtout les retraités.

« L’âge moyen des usagers du centre devait probablement être deux fois plus élevé que celui de tous les autres lieux publics, l’histoire familiale étant la chasse gardée – à de rares exceptions – de ceux pour qui la mort n’était plus une hypothèse lointaine mais une certitude imminente. »

Je vous vois faire la grimace ! Je vous entends penser : « une bande de vieux croûtons qui prend des notes et farfouille dans des papiers jaunis et poussiéreux ! Très peu pour moi ! »

Dites- vous que la généalogie s’est depuis longtemps modernisée et est entrée de plein pied à l’ère d’Internet. Et pour avoir moi-même fait quelques recherches, je sais à quel point il s’agit d’un travail d’enquêteur. Rassembler une liste de noms, de lieux et de dates, ce n’est qu’un pauvre début. Encore faut-il reconstituer les faits, révéler les vies cachées derrière les lourdeurs administratives, débusquer les secrets plus ou moins avouables. C’est alors qu’apparaissent les surprises.

Foster, Heather et Barnes ne s’attendent pas à ce que l’enquête met à jour. Pas plus que le lecteur.

Selon moi, un polar est réussi lorsqu’il suscite les questions et laisse planer le doute. Celui-ci m’a baladée jusqu’aux derniers chapitres. « Mais qui peut bien être le tueur ? Pourquoi agit-il comme ça ? Rien ne semble logique. » Je ne suis pourtant pas novice dans la lecture des policiers.

Puis je repère quelques mots qui me mettent sur la piste. « Ah, ah ! Monsieur l’écrivain, je vous ai percé à jour ! J’ai découvert l’assassin avant la page ultime ! »

Je comprends à la phrase suivante que Dan Waddell m’a simplement amenée là où il le voulait et a permis que l’on devine le fin mot de l’histoire. Pour mieux entretenir le suspense jusqu’au dénouement.

Le tout est bien ficelé. Complexe mais pas alambiqué. Et puisqu’on ne se lasse pas des bonnes intrigues, je me suis empressée d’acheter le reste de la trilogie :

  • « Depuis le temps de vos pères » (paru en français en 2012, aux éditions du Rouergue)
  • « La moisson des innocents » (paru en français aux mêmes éditions en 2014)

Difficulté de lecture : *

Ce livre est pour vous si :

  • Vous avez envie de lire un polar original
  • Vous aimez la généalogie et l’histoire locale. Les initiés pourront même comparer les techniques anglaises avec les nôtres. Mais pas d’inquiétude : il n’est pas non plus utile de connaître la généalogie pour apprécier le roman.
  • Vous n’avez pas l’âme trop sensible (le tueur de Dan Waddell a peu à envier aux pires des cinglés, réels ou imaginaires)

Le petit plus : l’ambiance londonienne du passé, le noir des ruelles, le souvenir inquiétant de célèbres tueurs. Glauque ? Un peu. Mais il faut bien ça pour un polar, pas vrai ?

***

Paru aux éditions du Rouergue, 2010 pour la traduction française

(Editeur original : Penguin Books Ltd, Londres, 2008

ISBN : 978-2-330-00268-8

362 pages

Prix Cezam Inter-CE en 2012

Titre original : The Blood Detective

Littérature anglaise