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Mon amie Adèle – Sarah Pinborough

Vous connaissez probablement des dizaines d’histoires exploitant la situation du triangle amoureux (mari, épouse, maîtresse ou amant), de l’aventure extra-conjugale avec une secrétaire, du garçon pauvre s’entichant d’une riche héritière, de la fille quelconque amie avec une splendide créature, etc.

Eh bien ce roman rassemble toutes ces intrigues en une seule, qui devrait mettre à mal la résolution que vous venez de prendre, celle de vous coucher tôt cette année. N’ouvrez pas ce livre le soir, vous risqueriez d’y passer la nuit.

L’histoire : Louise est une jeune femme fraîchement divorcée, élevant seule son fils de six ans. Un soir, petit coup de folie bien innocent, elle embrasse un bel inconnu rencontré dans un bar. Ça n’ira pas plus loin. Jusqu’à ce qu’elle se rende compte que David, l’homme en question, n’est autre que son nouveau patron. Panique passagère. Finalement, rien de grave, n’est-ce pas ? Tous deux sont adultes et capables d’oublier ce moment de faiblesse. C’est sans compter la magnifique Adèle, épouse de David (quelle horreur, il est marié !), qui rencontre Louise par hasard et se met en tête de devenir son amie…

Le suspense est lancé. Vous pensez connaître tous les éléments de l’histoire ? Détrompez-vous ! Ce serait bien trop facile. Sarah Pinborough vous embarque dans un voyage dangereux et sous tension. Elle alterne les points de vue, passe de Louise à Adèle, d’Adèle à Louise puis fait une incursion rapide dans le passé. Ce manège sans fin vous tient en haleine jusqu’aux dernières pages.

« La vie des gens n’est en général qu’un empilage de secrets et de mensonges. »

Je peux difficilement en dire plus, il serait bien dommage de trop en dévoiler.

Alors voici quelques mots sur Sarah Pinborough, auteure nouvellement arrivée sur les tables des libraires français.

Elle a le même âge que moi, son anglais est bien meilleur que le mien et là s’arrête la comparaison !

Sarah Pinborough a déjà beaucoup publié, une vingtaine de romans, plusieurs novellas, et a également écrit pour la BBC. L’horreur et la fantasy sont ses genres de prédilection. Elle s’adresse à un public d’adultes ou d’adolescents. « Mon amie Adèle » est son premier thriller. Une réussite puisque, dès sa sortie, le livre se retrouve numéro 1 des ventes dans le Sunday Times et est traduit ou en cours de traduction dans plus de quinze pays.

Un nom que nous devrions croiser à nouveau dans les prochaines années !

Difficulté de lecture : *

Ce livre est pour vous si :

  • Vous aimez les thrillers teintés de… non, vous n’en saurez pas plus. Disons, les thrillers inhabituels…
  • Vous aimez la tension psychologique sans hémoglobine ni hurlements
  • Vous aimez les toiles d’araignée qui se tissent lentement autour de héros naïfs et innocents

Le petit plus : les réseaux sociaux ont attribué au livre le hashtag #findedingue. C’est plutôt mérité.

***

Editions Préludes (Librairie Générale Française), 2017

ISBN : 978-2-253-10788-0

442 pages

Titre original : Behind her eyes

Traduit de l’anglais par Paul Benita

Littérature anglaise

 

D’après une histoire vraie – Delphine de Vigan

J’ai lu le roman parce que j’avais envie de voir le film. Et avant de voir le film, il fallait que je lise le livre. Logique un peu tirée par les cheveux, mais logique quand même. Bref, me voilà à feuilleter les pages du dernier roman de Delphine de Vigan, auteure à succès du moment. Plusieurs de ses œuvres ont en effet été couronnées de prix divers et parfois nommées pour le Goncourt.

Dans le livre qui nous occupe, Delphine la narratrice est écrivain et vient de publier un best-seller racontant l’histoire et les troubles de sa propre mère. Sa vie ressemble donc à s’y méprendre à celle de sa créatrice. Elle doit maintenant s’atteler au roman suivant et cherche l’inspiration. C’est alors qu’elle rencontre L. dont le nom sera toujours désigné par cette simple initiale. L. est une jeune femme brillante et empathique, elle-même impliquée dans le processus d’écriture en tant que prête-plume pour célébrités. C’est le début de ce qui semble être une grande amitié entre filles, mais se transforme insidieusement en manœuvres malsaines et influence toxique. L. a décrété que Delphine devait écrire son « livre caché » qui révèlerait ses secrets les plus intérieurs.

« Il n’y a pas d’écriture que l’écriture de soi. »

C’est là l’occasion d’une nouvelle réflexion sur l’écriture, entamée par Delphine de Vigan dans son précédent roman. Les écrivains doivent-ils se dévoiler et ne parler que d’eux dans leurs œuvres ? N’est-ce pas uniquement les faits réels que recherchent les lecteurs ? Existe-t-il seulement de pures fictions ?

Le personnage principal a le même prénom et exerce le même métier. Comme l’auteure, elle vient d’écrire un livre exposant une part intime de son être sur la place publique. Alors s’agit-il d’une histoire vraie comme le suggère le titre ? Delphine de Vigan a-t-elle réellement rencontré L., s’est-elle retrouvée sous son emprise, et comme son héroïne, peu à peu incapable d’écrire et de poursuivre son travail d’introspection ? Ou bien L. n’est-elle que la métaphore de ce long cheminement entre deux livres ?

Avec beaucoup d’habileté, l’auteure embrouille un lecteur qui semble n’aimer que le Vrai et cherche sans cesse « à le démêler de la fable ». D’ailleurs, il est fort probable qu’après la lecture du roman, vous irez comme moi faire quelques recherches sur Internet pour en avoir le cœur net.

La tension monte à mesure qu’L. renforce son influence sur Delphine la narratrice, qu’elle l’isole de ses proches et anéantit sa confiance en elle.

« Un genre de surmoi sarcastique et sans indulgence avait pris possession de mon esprit. »

Je n’ai pourtant pas classé ce roman dans la catégorie thriller : il ne m’a pas véritablement arraché de frissons. Tenue par son suspense, certes. J’ai passé un excellent moment. Mais il aurait fallu qu’il soit plus concentré, que son style soit plus incisif pour m’empêcher de dormir !

Une autre passionnée de livres me disait récemment qu’elle n’adhérait pas au style de l’auteure. Je comprends cette opinion. Non que la façon d’écrire de Delphine de Vigan soit mauvaise (qui serais-je pour affirmer ça ?), mais elle ne m’embarque pas. Le livre m’a laissé une impression de fouillis comme si les idées étaient déposées les unes à la suite des autres et que la progression vers le final était presque fortuite. Désordre régnant jusque dans les phrases, où les synonymes se juxtaposent sans qu’on y ait fait le ménage pour trouver le mot juste. Peut-être est-ce voulu et cela traduit-il la confusion régnant dans l’esprit de la narratrice ? Après tout, cette dernière se remet à peine de plusieurs mois de manipulation qui l’ont conduite au bord du gouffre. Peut-être. Mais s’il me reste un doute, c’est probablement que l’effet n’est pas parfait.

Quant au film, eh bien, il m’a franchement déçue (il a été réalisé par Roman Polanski, et je précise qu’en aucune manière l’actualité sulfureuse du cinéaste n’a influencé mon opinion). Je m’attendais à ce que la réflexion sur l’écriture soit escamotée, car difficile à traduire en images. Mais j’espérais au moins éprouver ces frissons qui ne m’ont pas saisie à la lecture du livre. Ça n’a pas été le cas, loin s’en faut. Un scenario qui glisse parfois dans l’invraisemblable, une atmosphère étrange mais sans la tension attendue, une L. peu crédible qui prend des allures d’automate. Je suis rarement hostile aux adaptations cinématographiques, mais là, j’aurais mieux fait de rester chez moi à lire un bon vieux roman.

Et maintenant j’ai très envie de vous poser cette question : que cherchez-vous dans les livres, réalité ou fiction ? Un peu des deux peut-être ?

Difficulté de lecture : **

Ce livre est pour vous si :

  • Vous vous intéressez à l’écriture
  • Vous aimez rencontrer les auteurs dans les salons ou au cours des séances de dédicaces
  • Vous aimez les histoires de manipulation

***

Editions JC Lattès, 2015

ISBN : 978-2-7096-4852-3

479 pages

Prix Renaudot et prix Goncourt des lycéens 2015

Littérature française

 

Le livre des Baltimore – Joël Dicker

Et voilà ! Je me suis laissé avoir. J’ai été embarquée par Joël Dicker et son indéniable talent pour raconter les histoires.

Pourtant les thèmes qu’il aborde dans « le livre des Baltimore » n’ont rien d’original : l’amitié, l’amour, la jalousie, l’ambition. Lus et relus.

Il existe par ailleurs un nombre incalculable d’autres romans ou thrillers aux intrigues plus alambiquées, supposées maintenir l’attention par la tension. Des livres qui créent des meurtriers à la cruauté insensée et des rebondissements à la chaîne.

Ici, nul besoin de tant d’artifices.

Les thèmes de toujours sont entremêlés dans une histoire familiale à l’apparence banale. Par petites touches, l’auteur installe le décor et le contexte. Il sème des doutes et des questions. Se garde bien d’y répondre. Les laisse mûrir dans l’esprit du lecteur. Y revient parfois pour les entretenir. Jusqu’aux révélations finales où tout se met en place dans une logique bien plus réaliste que celle de nombreux livres à suspense.

Peu d’adrénaline dans ces pages. J’ai pourtant eu bien des difficultés à les lâcher pour retourner dans la vraie vie (car lire, c’est bien si l’on n’oublie pas de dormir de temps en temps).

L’histoire nous est livrée par Marcus Goldman, personnage déjà croisé dans le précédent ouvrage de l’auteur, « la vérité sur l’affaire Harry Québert ». Marcus est un écrivain célèbre. Il s’isole pour s’atteler à son prochain roman. C’est l’occasion pour lui de replonger dans le passé et de s’interroger sur les racines du Drame survenu dans sa famille quelques années plus tôt.

Cet évènement est l’interrogation principale du lecteur : que s’est-il passé à Baltimore, quelques années auparavant ?

Je n’en dirai pas plus sur l’histoire, si ce n’est que Marcus et ses cousins Hillel et Woody se retrouvaient régulièrement dans leur jeune temps, pour grandir, expérimenter et former le fameux « Gang des Goldman ». Mais toutes les époques dorées ont une fin.

« Le temps béni de notre enfance était perdu à jamais et il serait impossible de le retrouver. »

Comme dans son précédent roman, Joël Dicker maîtrise à la perfection l’art délicat du flashback. Et il ne s’agit pas ici de simples allers-retours entre deux époques ou deux personnages. Non, l’auteur nous balade d’une année à l’autre, n’utilisant la progression chronologique que dans les grandes lignes et pour amener lentement l’intrigue vers son dénouement.

« Tout commence comme tout finit et les livres commencent souvent par la fin. »

Comment fait-il pour que le lecteur ne s’y perde pas ? Il s’explique dans une interview intéressante donnée, il y a presque deux ans, dans l’émission « La Grande Librairie » (plage de temps 6 :22 à 20 :58, notamment à partir de 14 :57) :

Interview Joël Dicker (la Grande Librairie)

Son secret : la clarté ! S’il ne comprend pas lui-même, il y a peu de chance pour que le lecteur y parvienne ! Cela paraît un peu idiot, mais quiconque a déjà tenté l’expérience de l’écriture sait que l’exercice est loin d’être évident. Le résultat est un style agréable, ni simpliste ni trop complexe. Et surtout, un livre captivant, un page-turner, dirait-on à Baltimore.

Dans l’interview, Joël Dicker nous confie également son projet de trilogie. S’il décide finalement de le mener à terme, nous devrions avoir le plaisir de retrouver Marcus Goldman dans un prochain opus. Croyez-moi, je ne manquerai pas ce rendez-vous.

Difficulté de lecture : **

Ce livre est pour vous si :

  • Le thème des liens familiaux vous intéresse
  • Vous aimez vous interroger sur ce qui compose la réussite sociale
  • Vous aimez l’ambiance américaine

Le petit plus : un voyage aux Etats-Unis, de New York à Miami, de Baltimore à Nashville. Périple géographique le long de la côté Est, va-et-vient climatique à travers les saisons, et oscillations sociales, entre milieu modeste et réussite flamboyante.

Expérience d’un livre audio – Rêver – Franck Thilliez

Je viens de vivre une curieuse expérience. Je viens de vivre « un thriller ». Oui, me direz-vous, c’est ce qui arrive chaque fois qu’on lit ce genre de livres, ou qu’on regarde ce type de films.

Mais dans ce cas, la sensation était bien plus intense. Impression d’être totalement plongée dans l’atmosphère inquiétante voulue par l’auteur, de faire partie de l’histoire et de la subir. Pour de vrai. Et comme rarement auparavant.

J’ai testé un premier livre audio. J’avais en effet plus de mille kilomètres à parcourir en moins de deux jours pour des raisons professionnelles. A part quelques coups de fil à passer (avec le kit mains libres), rien d’autre à faire que de rouler et écouter. En résumé, les conditions idéales pour tenter l’expérience.

Il me fallait un roman simple à lire (écouter) et suffisamment prenant pour maintenir l’attention pendant plusieurs heures. Quoi de mieux qu’un thriller ? Quoi de mieux qu’un roman de Franck Thilliez, auteur dont j’avais déjà apprécié « Puzzle » et « Pandemia » ? J’ai cette fois choisi « Rêver », que je voulais lire depuis quelques semaines sans jamais en avoir pris le temps.

Me voilà donc dans la voiture, prête à embarquer pour un étrange voyage. Dans le coffret Audiolib, je trouve deux CD qui représentent en tout plus de treize heures de lecture. Allons bon ! Je n’aurai pas assez de ce déplacement pour tout écouter ! Au moins, je ne risque pas de tomber à cours… Le livre est lu par la comédienne Clémentine Domptail. Une voix de femme donc, puisque le personnage principal est une jeune psychologue collaborant avec la police dans une sombre affaire de disparitions d’enfants. Pour ajouter à l’intrigue, Abigaël est atteinte de narcolepsie, cette maladie déconcertante qui plonge ses victimes dans des phases de sommeil aussi intempestives qu’irrépressibles. Et ce, où qu’elles se trouvent, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Le décor est planté !

D’autre part, dès les premiers mots, l’auditeur est averti : le récit fera des allers-retours incessants entre deux évènements clés de l’enquête, un accident et un incendie. De quoi augmenter encore un suspense qui ne tarde pas à s’installer et m’envoûter. Les heures et les kilomètres défilent sans que je m’en rende compte. Je ne suis plus dans la voiture mais sur les pas d’Abigaël. Comme elle, je m’interroge, je m’inquiète et suis déroutée par les nombreux débuts de piste, finalement sans intérêt. C’est presque à regret que je m’arrête pour faire le plein d’essence, boire un café et finalement rejoindre mes collègues en réunion. Vivement le voyage retour ! J’ai besoin de connaître la suite.

Plus j’avance dans les chapitres, plus je suis ensorcelée. J’ai pourtant l’habitude de ces thrillers captivants. Alors, pourquoi une impression aussi forte ?

Lire demande une attention active. Ҫa fatigue. D’ailleurs, ne lit-on pas parfois pour mieux s’endormir le soir ? Il est donc plus difficile de lire pendant quatre heures d’affilée que d’écouter un CD. Au cinéma, c’est l’inverse ! Il n’y a qu’à se laisser porter. On s’imprègne rapidement de l’intrigue mais sur une période plutôt courte, excédant rarement deux heures.

Avec un livre audio, le suspense a le temps de s’installer et enfle lentement, sans interruption et sans que la concentration ne faiblisse. Ajoutez à ça l’effet hypnotique d’un long parcours sur l’autoroute, et vous voilà propulsé dans un monde parallèle, à l’apparence terriblement réelle.

Il y a aussi le travail de l’actrice. Elle y met le ton et parvient à moduler sa voix pour nous faire entendre et reconnaître les différents personnages dans les dialogues ou lors des changements de point de vue. Prenez le premier livre qui vous tombe sous la main et faites l’exercice. Essayez de lire à voix haute en insufflant de la vie au récit. Vous verrez qu’il faut pour cela un vrai talent !

Et puis je suis sans doute bon public. Je lis beaucoup, j’aime le cinéma et me laisse facilement embarquer dans toutes sortes d’histoires. Il est probable que certains préfèreront écouter la retransmission d’un match de foot ou d’un débat politique houleux !

Quoi qu’il en soit, après cinq heures de route, je reste dix minutes de plus dans la voiture, sans bouger, sans même penser à me déplier, simplement pour écouter la fin d’un chapitre. Bravo Mr Thilliez, vous venez sans le savoir d’inventer la téléportation. Je n’ai pas cité votre propre talent, mais il est indéniable !

Une très légère frustration cependant : lorsque je lis un bon roman, j’aime avoir le livre entre les mains, en éprouver l’épaisseur, le déployer en éventail, tester le soyeux des pages. Avec un CD, c’est beaucoup moins sensuel ! Eternel débat entre le papier et le virtuel…

Vous l’aurez compris, je suis donc convaincue par l’intérêt des livres audio, même si, pour moi, ils ne remplaceront jamais la lecture classique ou les bons vieux films sur écran géant. Mais c’est une expérience différente, et complémentaire.

Quelques conseils (ou notes personnelles pour le prochain livre audio) :

  • Rester sur des romans à la lecture / écoute facile (en voiture, pas de retour en arrière aisé pour réentendre un passage ou s’interroger sur le sens d’un mot)
  • Choisir une histoire prenante pour maintenir la concentration
  • Faire des pauses régulières pour garder un pied dans la réalité
  • En voiture, stopper l’écoute dès que la conduite se fait difficile (trafic, intempéries, petites routes, obscurité). La priorité restant bien sûr d’arriver sain et sauf à destination !

Cette fois je vous laisse. Il me reste encore quelques chapitres à écouter. Abigaël parviendra-t-elle à résoudre cette affaire insensée ?

En attendant, dites-moi donc si vous avez déjà écouté un livre audio, et si oui, ce que vous en avez pensé ! Des idées d’autres romans « audiogéniques » ? (mot qui n’existe pas, mais vous m’avez comprise…)

Difficulté de lecture / écoute : *

Ce livre est pour vous si :

  • Vous aimez les bons thrillers (rien de très sanglant mais quelques passages éprouvants)
  • Vous aimez être manipulé par l’auteur sans deviner le dénouement
  • Vous êtes fasciné par le monde onirique et les tours que le cerveau nous joue parfois

Le petit plus : Fleuve éditions (chez qui est paru « Rêver ») propose un petit test en ligne sur les rêves et la façon dont vous rêvez. Vous ne risquez rien à essayer ! C’est par ici.

***

Audiolib

Texte lu par Clémentine Domptail

ISBN : 978-2-36762-214-9

Durée : 13h14 (chapitre bonus inclus)

Code 1879 – Dan Waddell

Que diriez-vous d’une petite bière dans un pub de Londres ?

Mauvaise idée. Dans certains quartiers rôdent des ombres étranges et malveillantes.

Un corps sans mains vient d’être retrouvé dans un cimetière de l’ouest londonien. Sur sa peau est gravé un mélange de lettres et de chiffres qui met l’inspecteur Foster sur une piste originale. L’inscription ressemble à une référence d’index recensant d’anciens actes d’état civil. Dès lors, Foster et sa collègue Heather se plongent dans le passé de la ville.

Nigel Barnes, généalogiste professionnel, navigue d’un centre de recherches à l’autre et les guide dans cette exploration inédite.

Toute la question est maintenant de savoir si l’on peut faire un bon polar en se servant de la généalogie. Après tout, l’activité ne véhicule pas une image très dynamique et a la réputation d’attirer surtout les retraités.

« L’âge moyen des usagers du centre devait probablement être deux fois plus élevé que celui de tous les autres lieux publics, l’histoire familiale étant la chasse gardée – à de rares exceptions – de ceux pour qui la mort n’était plus une hypothèse lointaine mais une certitude imminente. »

Je vous vois faire la grimace ! Je vous entends penser : « une bande de vieux croûtons qui prend des notes et farfouille dans des papiers jaunis et poussiéreux ! Très peu pour moi ! »

Dites- vous que la généalogie s’est depuis longtemps modernisée et est entrée de plein pied à l’ère d’Internet. Et pour avoir moi-même fait quelques recherches, je sais à quel point il s’agit d’un travail d’enquêteur. Rassembler une liste de noms, de lieux et de dates, ce n’est qu’un pauvre début. Encore faut-il reconstituer les faits, révéler les vies cachées derrière les lourdeurs administratives, débusquer les secrets plus ou moins avouables. C’est alors qu’apparaissent les surprises.

Foster, Heather et Barnes ne s’attendent pas à ce que l’enquête met à jour. Pas plus que le lecteur.

Selon moi, un polar est réussi lorsqu’il suscite les questions et laisse planer le doute. Celui-ci m’a baladée jusqu’aux derniers chapitres. « Mais qui peut bien être le tueur ? Pourquoi agit-il comme ça ? Rien ne semble logique. » Je ne suis pourtant pas novice dans la lecture des policiers.

Puis je repère quelques mots qui me mettent sur la piste. « Ah, ah ! Monsieur l’écrivain, je vous ai percé à jour ! J’ai découvert l’assassin avant la page ultime ! »

Je comprends à la phrase suivante que Dan Waddell m’a simplement amenée là où il le voulait et a permis que l’on devine le fin mot de l’histoire. Pour mieux entretenir le suspense jusqu’au dénouement.

Le tout est bien ficelé. Complexe mais pas alambiqué. Et puisqu’on ne se lasse pas des bonnes intrigues, je me suis empressée d’acheter le reste de la trilogie :

  • « Depuis le temps de vos pères » (paru en français en 2012, aux éditions du Rouergue)
  • « La moisson des innocents » (paru en français aux mêmes éditions en 2014)

Difficulté de lecture : *

Ce livre est pour vous si :

  • Vous avez envie de lire un polar original
  • Vous aimez la généalogie et l’histoire locale. Les initiés pourront même comparer les techniques anglaises avec les nôtres. Mais pas d’inquiétude : il n’est pas non plus utile de connaître la généalogie pour apprécier le roman.
  • Vous n’avez pas l’âme trop sensible (le tueur de Dan Waddell a peu à envier aux pires des cinglés, réels ou imaginaires)

Le petit plus : l’ambiance londonienne du passé, le noir des ruelles, le souvenir inquiétant de célèbres tueurs. Glauque ? Un peu. Mais il faut bien ça pour un polar, pas vrai ?

***

Paru aux éditions du Rouergue, 2010 pour la traduction française

(Editeur original : Penguin Books Ltd, Londres, 2008

ISBN : 978-2-330-00268-8

362 pages

Prix Cezam Inter-CE en 2012

Titre original : The Blood Detective

Littérature anglaise